Mercredi, le ministre français de l'Agriculture était en Algérie pour parler de sécurité alimentaire en Afrique du nord, et bien sûr pour y défendre la place du blé français. Cette « diplomatie du grain » - comme l'appelle le chercheur Sébastien Abis - est d'autant plus nécessaire que la France pourtant 4ème exportateur de blé au monde derrière les Etats-Unis, l'Australie et le Canada, est de plus en plus concurrencée sur son débouché traditionnel : la rive sud de la Méditerranée.
En Algérie, le blé français est encore prépondérant dans les importations algériennes. Mais au Maroc et en Egypte le blé des pays de la mer Noire - Russie, Ukraine, Roumanie - s'impose de plus en plus. Particulièrement cette année parce que les récoltes y ont été abondantes et que le blé de la mer Noire est moins cher.
Depuis quelques semaines les expéditions des pays de la mer Noire se tassent un peu avec la diminution des volumes disponibles dans ces pays : le créneau s'est ouvert à nouveau pour la France. Elle a vendu sa première cargaison de blé à l'Egypte depuis onze mois, il y a deux semaines.
Mais depuis les infrastructures portuaires jouent des tours au blé français. Le seul port capable de charger un Panamax de 60 000 tonnes de blé de qualité à l'Egypte en ce moment, c'est Dunkerque, au nord de la France. Plus à l'ouest, Rouen ne sera équipé de bassin en eau profonde pour accueillir ces vraquiers géants qu'en 2015, et cette année l'arrière pays de La Pallice, le port céréalier atlantique, près de la Rochelle, ne peut pas fournir suffisamment de blé de qualité panifiable pour les besoins égyptiens. Du coup, le blé sorti de Dunkerque est très demandé et vaut donc plus cher. C'est pourquoi le blé russe l'a de nouveau emporté auprès de l'Egypte la semaine dernière.