La Chine cherche du blé jusqu'en France

Le blé français a trouvé un débouché exceptionnel cette année : la Chine. Pas sûr cependant que la France réédite cet exploit à l'export, pour des raisons de parité euro-dollar.

Le premier cargo de blé français a quitté le port de Dunkerque, dans le nord de la France, à la fin du mois dernier. Les expéditions de blé français vers la Chine vont se succéder jusqu'en novembre, au total elles devraient se monter à plus de 200 000 tonnes, peut-être beaucoup plus. Un énorme tonnage, souligne Aurélie Jarlegant de FinanceAgri.

Cela faisait neuf ans que la France n'avait pas vendu de blé à la Chine. La Chine s'approvisionne d'habitude auprès des Etats-Unis et de l'Australie ; le transport maritime depuis ces deux pays lui coûtant moins cher. Mais cette année, la Chine a des besoins records en blé étranger (3,5 millions de tonnes), car sa propre production a subi le mauvais temps. Si la Chine s'est tournée vers le blé français, c'est qu'il était, au moment de la transaction en juin dernier, le plus compétitif : l'euro avait baissé par rapport au dollar.

Aujourd'hui, la France aurait beaucoup plus de mal à réaliser cet exploit en Chine car la parité euro-dollar est nettement moins avantageuse pour le blé français et le blé de l'Union européenne en général. Y compris vers l'Egypte, le premier acheteur mondial de blé. Seule la Roumanie est pour l'instant parvenue à vendre des grains au Caire depuis le début de la campagne. Car le blé roumain, de moindre qualité, est moins cher. Les ports roumains sont aussi mieux situés par rapport aux côtes égyptiennes, le fret est donc moins coûteux.

Mais tous ces ports des pays de la mer Noire - Roumanie, Ukraine, Russie - commencent à être congestionnés, avec l'arrivée de la récolte de maïs. Leur disponibilité en blé décline. Alors, les exportateurs de blé français se reprennent à rêver de nouvelles opportunités de ventes en novembre et décembre. A destination des clients traditionnels du Maghreb et du Machrek et pourquoi pas à nouveau vers la Chine, voire même le Brésil !

Car le grand fournisseur de blé qu'est l'Argentine a une récolte beaucoup plus faible cette année, et elle aura beaucoup de mal à fournir son voisin brésilien qui se tourne déjà vers le blé américain.

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