La France se dote d'une force de frappe dans le commerce du blé dur

Un nouvel acteur est né dans le négoce international du blé dur : « Durum ». Et il est français. La France est en effet le deuxième pays exportateur mondial de blé dur, derrière le Canada.

La nouvelle entité française de négoce du blé dur devrait s’appeler « Durum », le mot latin toujours utilisé par les anglophones – si les autorités de régulation donnent leur feu vert. La France est le deuxième exportateur de blé dur (1,2 millions de tonnes prévues cette année), devant les Etats-Unis (700 000 tonnes) et derrière le Canada, le champion mondial (3,7 millions de tonnes). Elle a, à ses portes, deux des principaux marchés d'importation de blé dur : l'Algérie (autour de 2 millions de tonnes par an) et l'Italie, deux grands pays consommateurs de semoule et de pâtes. Mais jusqu'à présent, les producteurs français partaient un peu en ordre dispersé.

 
Pendant ce temps, les Canadiens avaient la main sur la moitié du commerce mondial de blé dur, grâce à leur Bureau canadien du blé, une entité publique de commercialisation qui constituait une véritable force de frappe. Mais depuis cet été, ce « Canadian Wheat Board » a perdu son monopole. Alors la France en profite pour organiser son propre pôle de commercialisation de blé dur - privé, cette fois - en regroupant deux grandes coopératives du Sud et du Centre de la France, leur logistique portuaire (La Rochelle sur l'Atlantique et Port-la-Nouvelle sur la Méditerranée) et l'activité de négoce.

Il était sans doute d'autant plus urgent de constituer ce pôle que cette année, la qualité du blé dur est très inégale en France. Il a trop plu ; les producteurs français n'était pas sûr de l'emporter à l'export : les défauts de qualité de la semoule sont beaucoup plus ennuyeux que ceux de la farine. La nouvelle entité aura la capacité de compléter la production française manquante par d'autres origines pour ne pas faire défaut à ses clients, notamment l'Algérie, qui n'a pas encore couvert tous ses besoins. Les producteurs français craignent une baisse de rémunération, mais elle reste encore supérieure à celle du blé meunier, déjà très élevée. Et les prix du blé dur devraient encore progresser sur la prochaine campagne, étant donné le faible niveau de production mondiale.

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