L'Inde est plus qu'autosuffisante en blé. Elle croule même sous les céréales, avec des récoltes extraordinaires de blé, comme de riz, depuis cinq ans. Mais l'administration indienne, qui est l'acheteur de blé prépondérant dans ce pays, est encore sous le choc de la très décevante campagne 2006-2007, où l'Inde avait eu peur comme autrefois de manquer de blé et de riz, ce qui avait décidé le gouvernement à stopper net les exportations - une des causes de la flambée sur les marchés mondiaux qui avait suivi. Alors depuis, l'administration indienne stocke et continue de stocker, année après année, des quantités inédites de blé, même dans les pires conditions, sous des bâches, au risque de laisser le blé pourrir. Les réserves ont atteint plus de 40 millions de tonnes, trois fois le niveau de sécurité recommandé. Alors comme le gouvernement ne libère ces stocks qu'au compte-goutte, certains Etats, comme le Kerala, viennent, un comble, à manquer de blé. Le prix de la céréale sur le marché indien s'envole, il se calque sur les cours mondiaux, qui ont atteint des niveaux historiquement élevés étant donné les déficits avérés ou prévus chez les autres grands pays exportateurs. Le prix du blé en Inde a donc en moyenne augmenté de 25% depuis le printemps. Mais cette inflation dans le pays devient insoutenable en période de forte consommation, celle des festivals, qui culmine aujourd'hui avec la fête Diwali, et se poursuit par la saison des mariages. Alors que les semis de blé reprennent dans certaines régions et que la récolte 2013-2014 s'annonce encore très belle, le gouvernement a enfin décidé hier de libérer d'un coup 6,5 millions tonnes de blé de ses stocks pour les vendre aux commerçants de gros et aux courtiers locaux. Destination : les minoteries indiennes.