Le potentiel de blé exportable se réduit de jour en jour

Les déceptions sur la production mondiale de blé s'accumulent : après la sécheresse aux Etats-Unis et en Russie, l'Australie et l'Argentine doivent aussi revoir leur récolte à la baisse.

La nouvelle perturbation sur le marché du blé vient d'Argentine, et cette fois la météo n'y est pour rien. C'est plutôt la politique commerciale adopté par Buenos Aires : le gouvernement va décider désormais, et très tard dans la campagne, du niveau maximum d'exportations des produits agricoles cultivés en Argentine, pour maintenir des prix intérieurs au plus bas. Mais cette mesure a un effet pervers, puisqu'elle a dissuadé les agriculteurs argentins de semer autant de blé que l'an dernier : ils se sont tournés davantage vers le soja, qui n'a pas les mêmes restrictions à l'export.

La récolte de blé argentin sera inférieure de 17 %, or la moitié de ce blé part habituellement vers le Brésil ; cette année, 2 millions de tonnes de blé argentin vont donc manquer au marché mondial. Et encore, s'il ne pleut pas des cordes au point de faire pourrir les épis sur pied, comme pourrait le faire craindre l'arrivée précoce d'El Nino en Amérique du Sud.

Le bilan céréalier n'avait vraiment pas besoin de cela. Il avait déjà été malmené dans l'hémisphère nord par la sécheresse du siècle aux Etats-Unis, et par une nouvelle sécheresse en Russie. Et voilà que, dans l'hémisphère sud, le manque d'eau menace cette fois la récolte de blé en Australie, le troisième exportateur mondial ! Alors que les stocks, en Europe, cette fois, sont au plus bas depuis 1960 !

Le potentiel mondial de blé exportable se rétrécit de jour en jour. Alors même que les quantités de blé destinées à l'alimentation animale progressent parce que le maïs est encore plus rare cette année. L'annonce de l'Ukraine, qui mettra fin à ses exportations de blé à la mi-novembre, a également contribué à maintenir très haut les prix du blé. A près de 264 euros la tonne à Paris, et près de 9 dollars le boisseau à Chicago, les cours sont entre 30 et 35 % plus élevés qu'à la même période l'an dernier.
 

Partager :