Dans sa conférence de presse, François Hollande a insisté sur le rôle des entreprises pour lutter contre le chômage. Pour les inciter à embaucher, il leur offre un allègement de charges de 30 milliards d'euros en les exonérant à l'avenir des cotisations familiales. Une politique perçue comme sociale libérale pour les plus critiques, réformiste pour les plus favorables.
Pour la première fois depuis le début de son mandat François Hollande assume une politique de l'offre. Traditionnellement les responsables socialistes privilégient la demande, c'est-à-dire le pouvoir d'achat des ménages pour relancer l'économie. En redistribuant mieux l'argent public ou en décidant d'augmenter les salaires. Mais dans un État en cours de désendettement difficile de dépenser plus. François Hollande s'en remet aux entreprises.
Elles aussi sont en piètre état, leur taux de marge est tombé à son plus bas niveau depuis 1985, c'est le plus faible d'Europe, c'est surtout un niveau insuffisant pour lancer les investissements indispensables à leur développement et donc à leur essor. En les exonérant des cotisations familiales à l'horizon 2017, le président leur donne un peu d'oxygène, ça rend l'offre plus compétitive.
Est-ce que ça peut marcher ?
Cela dépendra d'abord de l'ampleur réelle de ce coup de pouce. François Hollande a parlé de 30 milliards, ce qui correspond aux cotisations familiales versées par les entreprises et puis il a ensuite précisé que le crédit d'impôt compétitivité mis en place l'année dernière allait disparaitre au profit de cette exonération. Le montant du Cice étant de 20 milliards d'euros, c'est finalement 10 milliards d'euros que le président met sur la table. On est loin des 100 milliards exigés par le Medef.
Le succès de cette politique de l'offre dépendra aussi de la réactivité des chefs d'entreprise. Un observatoire des contre parties va être créé pour évaluer l'efficacité de ces mesures. L'autre inconnu c'est comment on finance les allocations puisque le président veut à la fois les maintenir, ne pas augmenter les impôts et réduire les dépenses publiques. Seule certitude il s'engage personnellement puisqu'un autre comité directement rattaché à l'Élysée se réunira tous les mois pour
Le président a fait référence aux pays nordiques qui ont mené des réformes pour préserver leur modèle social. Est-ce que sa démarche est comparable ?
Il y a un point commun avec la Suède et la Finlande en termes de contexte : c'est à la suite de sévères dégradations de leur note souveraine que ces pays se sont décidés à agir dans les années 90. Deux dégradations successives, c'est ce qui est arrivé à la France en 2013. François Hollande, comme ses pairs du Nord, agit pour l'emploi, mais aussi sous la contrainte extérieure, celle des agences et celle de Bruxelles.
En revanche dans la méthode la France aura du mal à s'inspirer du modèle scandinave: ces deux pays ont pu réformer l'État à grande échelle, redonner du souffle aux entreprises grâce à un consensus national. Est-ce que les syndicats et le patronat français ont les mêmes capacités de synthèse ? C'est ce qu'on va voir dans les prochains mois puisque plusieurs négociations seront ouvertes pour matérialiser le tournant annoncé par le président.