Pour le président de la République, l'espoir vient des Etats-Unis. François Hollande, qui a été dans une vie antérieure professeur d'économie, croit au cycle économique et à leur effet d'entraînement. Il compte donc sur la reprise américaine pour doper la croissance molle du Vieux continent. Quand on voit le dernier chiffre publié aux Etats-Unis, un stupéfiant 4% enregistré au troisième trimestre, on peut encore pronostiquer un effet boule de neige dans les prochains mois. Mais sur le front américain, un autre événement pourrait bien réduire à néant les calculs du président. C'est la décision de la Fed d'alléger son assistance financière. Cette décision, bien acceptée par les marchés américains, a une contre partie, c'est la hausse des taux d'intérêt sur le marché de la dette. Les bons américains du Trésor à dix ans ont atteint la barre symbolique des 3% la semaine dernière. Un niveau qu'ils n'avaient pas touché depuis deux ans.
Quelles sont les conséquences pour la France ?
Cette flambée s'est immédiatement propagée sur les marchés européens. Les taux français à 10 ans se sont tendus vers les 2,5%, tout comme d'ailleurs les taux allemands. C'est encore un simple avertissement, mais il préfigure assez bien ce qui pourrait se passer dans les prochains mois. Forte des bons résultats économiques des Etats-Unis, la Fed pourrait continuer à réduire graduellement son intervention, ce qui relèvera d'autant les taux américains. L'économie américaine est assez performante pour supporter une charge supplémentaire, idem pour celle de l'Allemagne, en revanche, celle de la France, encore chancelante, ne tiendra pas le choc. Elle risque donc de ne pas avoir le temps de profiter de l'embellie américaine et de subir de plein fouet les dommages collatéraux du rétablissement américain. C'est pourquoi les Cassandre lui prédisent une année 2014 très difficile. Vu les efforts déjà importants pour contenir les déficits, le gouvernement français n'aura plus de marge de manoeuvre pour endiguer le surenchérissement mécanique de la dette engendrée par la hausse des taux.
Comment François Hollande peut-il donc tenir son engagement d'inverser la courbe du chômage ?
A moyen terme et sur le plan intérieur cette fois, il mise sur les bienfaits du crédit d'impôt compétitivité emploi. Ce cadeau fait aux entreprises doit leur permettre de restaurer leurs marges pour relancer les investissements et donc à terme renouer avec les embauches. Ce soir dans ses voeux aux français, François Hollande pourrait faire de la pédagogie pour les convaincre qu'il a encore des cartes en main pour réaliser son objectif grâce à ce dispositif. Mais l'exercice est casse-cou, car pour financer ce coup de pouce, le gouvernement demande un effort supplémentaire aux Français avec l'augmentation de la TVA. Et cette hausse fait partie des mesures impopulaires qui entrent en vigueur au nouvel an.