La reprise européenne, timide et déséquilibrée

La rentrée se fait sous de bons augures en Europe. Longtemps plombée par les maillons faibles de la zone euro, l'économie est en train de se relever.

Les plus convaincus en sont les investisseurs étrangers qui sont revenus cet été sur les bourses européennes. Elles apparaissent plus profitables que Wall Street alors que la reprise américaine est pourtant beaucoup plus solide que celle du Vieux continent. C'est surtout parce que les titres européens sont tombés bien bas que les opérateurs escomptent des gains juteux de la remontée des cours.

Mais ce n'est pas seulement un calcul court termiste, les fonds rachètent de la dette européenne, un signe de confiance patent dans le ressort de l'économie européenne. Car les signaux positifs sont bien là : d'abord le chiffre présenté en juillet qui indique que la zone euro est sortie de la récession après 17 longs mois de recul. L'Allemagne évidemment tire la croissance. Elle a reçu le soutien de la Grande Bretagne sortie de la récession et de la France, en ce qui concerne notre pays, le chiffre de 0,5% de croissance annoncé par l'Insee a créé la surprise au creux du mois d'août.

De bons résultats au Nord de l'Europe mais pas au Sud

L'Allemagne et la France représentent 60% du produit intérieur brut de la zone euro, l'évolution de ces deux pays est donc déterminante pour toute l'Europe. Mais c'est vrai que ces deux pays, l'Allemagne surtout, s'enrichit en exportant ses biens manufacturés vers le sud de l'Europe. Or, tant que les maillons faibles resteront en crise, leur demande restera atone, ce qui est mauvais pour l'Allemagne comme pour l'ensemble du continent.

Et la situation des pays affectés par la crise de la dette reste critique. On sait déjà que la Grèce aura besoin d'une rallonge de 10 milliards d'euros en 2014. Aujourd'hui d'ailleurs la Bourse d'Athènes a plongé, déstabilisée par la perspective de ce troisième plan d'aide. On sait aussi que l'Espagne, l'Italie et le Portugal seront en récession en 2013. L'austérité sera maintenue dans tous ces pays, et malgré tout leur dette publique va continuer d'augmenter.

Il y a donc de quoi s'interroger sur la reprise européenne. Mais en économie le climat compte beaucoup et les signaux positifs envoyés par les instituts statistiques peuvent aussi avoir un effet dopant pour l'activité qui peut alimenter la reprise.

L’inconnue française

Surtout en France. Car les indicateurs concernant notre pays sont assez contradictoires On a eu certes une divine surprise avec les 0,5% de croissance annoncée pour le second trimestre par l'Insee, mais l'indice PMI qui est un peu le baromètre du secteur privé est lui toujours en berne. Cet indice qui renseigne sur les intentions d'achat dans l'industrie est repassé au-dessus de la barre des 50 dans l'ensemble de la zone euro. Mais il reste en-dessous en France, ce qui signifie que l'économie est toujours en repli.

Et puis il ne faut pas oublier que le revenu national français a fortement reculé depuis le début de la crise, il faudrait donc maintenir ce niveau de croissance de 0,5% constant pendant plusieurs années avant de pouvoir parler d'une réelle sortie de crise.

Enfin, le chômage en France comme dans le reste de l'Europe reste inquiétant. Les chiffres de juillet viennent de tomber, le marché français de l'emploi continue à se dégrader, sur un an le nombre de sans emploi s'est accru de 9%. Sur ce front là, on attend toujours l'inversion de la courbe promise par François Hollande.
 

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