La menace de la déflation en zone euro

Les prix augmentent de moins en moins dans la zone euro et cela inquiète de plus en plus la BCE, chargée de surveiller l'inflation. A l’issue du conseil des gouverneurs, le président de la BCE, Mario Draghi, a dit sa détermination à prévenir une baisse trop forte des prix.

En décembre, les prix ont augmenté de 0,8% dans l'Union monétaire, c'est la plus faible progression depuis qu'on mesure l'inflation en zone euro, c'est-à-dire depuis 2001. Lorsqu'on est à moins de 1% de hausse des prix, la désinflation risque de se transformer en déflation. La baisse des prix, c'est a priori une bonne nouvelle pour le consommateur, sauf que cela entraîne d'autres baisses désagréables. Celles des salaires par exemple. Car une entreprise contrainte de baisser le prix de ses produits pour les vendre, doit aussi réduire ses coûts, et elle va donc comprimer les salaires. L'entreprise doit par ailleurs continuer à rembourser ses dettes, tout comme les Etats ou les particuliers, d'où les faillites en série qu'on observe dans les périodes de déflation. La déflation écrase la reprise. Voilà pourquoi la BCE fera tout ce qui est en son pouvoir pour l'endiguer.

 
Quels sont les moyens à la disposition de la BCE pour faire remonter les prix ?

Mario Draghi s'est voulu rassurant en déclarant aujourd'hui que la BCE dispose d'une large gamme d'instruments qu'elle choisira en fonction du contexte. Mais pour lui le risque de déflation n'est pas en vue. Il s'est bien gardé d'en dire plus tant le sujet est politiquement sensible. Son principal outil, c'est le taux d'intérêt qu'elle pourrait à nouveau abaisser d'un quart de point. Cela redonne un peu de mou aux emprunteurs. Mais elle utiliserait alors sa dernière cartouche, car les taux sont aujourd'hui à 0,25%. Et puis ce pare-feu a une portée limitée en période de déflation. Les taux réels, c'est-à-dire en tenant compte de l'évolution des prix, sont en fait positifs quand les prix plongent, ce qui encourage les épargnants à garder leurs noisettes à l'abri plutôt qu'à consommer. L'argent ne circule plus, les efforts de reprise sont réduits à néant. Sous la forte influence de l'Allemagne, hantée par l'inflation et peu soucieuse de son contraire, la BCE aura de toute façon du mal à prendre une décision en ce sens.

L'Allemagne n'est pas concernée par la déflation

En Allemagne les prix ont augmenté de plus de 1% en décembre. C'est surtout dans les pays du Sud que la déflation est la plus sensible. Elle a été en partie voulue, l'Espagne par exemple en taillant dans les salaires a fait de la déflation compétitive pour regagner des parts de marché à l'export. Une politique plutôt efficace, en témoigne la première baisse notable du chômage enregistrée en décembre à Madrid. Mais qui s'avère chaque jour plus difficile à tenir au sein de la zone euro. Quand les prix augmentent en Allemagne, l'Espagne voit sa facture des importations s'alourdir, elle abaisse en conséquence un peu plus ses coûts internes pour compenser. Un mouvement d'aspiration par le bas dont on ne voit pas vraiment le fond. L'évolution des prix, voilà encore un critère de divergence croissante au sein de l'union monétaire.
 

 

 

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