Mission à haut risque pour Janet Yellen à la Fed

Le dernier obstacle à la nomination de Janet Yellen à la présidence de la Réserve fédérale a été levé hier avec le vote favorable du Sénat américain. A l'âge de 67 ans, cette économiste devient la première femme à diriger une des institutions les plus influentes au monde.

La nomination d'une femme à un poste aussi exposé est une première, mais au vu de son parcours, c'est une suite logique. Car Janet Yellen est une femme de la maison. Entrée comme gouverneur de la Fed, elle en était depuis quatre ans la vice-présidente, le bras droit en quelque sorte de Ben Bernanke. Et elle a eu largement l'occasion de démontrer dans ses fonctions la pertinence de son analyse. LeWall Street Journal s'est amusé à vérifier la réalisation des prévisions établies par des membres de la Fed entre 2009 et 2012. Et c'est Janet Yellen qui obtient le meilleur score. Elle avait d'ailleurs, dès 2005, alerté ses pairs sur le développement anormal du marché américain de l'immobilier. Cette économiste est aussi une spécialiste du marché du travail, elle sera donc très attentive à l'évolution du chômage dans sa gestion de la politique monétaire. Et toutes ses qualités ne seront pas de trop pour mener à bien sa tâche car, depuis la crise financière de 2008, le patron de la Fed est perçu comme le grand sauveur de l'économie mondiale.

L'assouplissement monétaire de Ben Bernanke

Son prédécesseur Ben Bernanke a eu recours à des méthodes inédites pour sortir les Etats-Unis de la crise. Comme il ne pouvait plus abaisser les taux d'intérêt, déjà au niveau plancher, il a eu recours à ce programme d’assistance financière baptisé « assouplissement monétaire ». Cela consiste à injecter d'énormes quantités d'argent sur les marchés pour donner de la confiance et des liquidités aux opérateurs. Si la plupart des experts reconnaissent que cette option a été déterminante pour la reprise aux Etats-Unis comme dans le reste du monde, si d'autres banquiers centraux ont emprunté la même voie, c'est le cas du patron de la banque d'Angleterre et ensuite du patron de la banque centrale du Japon, chacun sait aussi que le retour à la normale est un chemin pavé d'embûches et c'est Janet Yellen qui doit donc dorénavant diriger cette délicate manoeuvre. Son prédécesseur Ben Bernanke a eu la politesse de lui ouvrir la voie en amorçant la réduction des injections de 85 à 75 milliards de dollars par mois dans l'économie. Mais le plus gros reste à faire.

Une opération risquée

En diminuant l'assistance financière, la Fed retire des liquidités du marché, ce qui a tendance à relever les taux d'intérêt, autrement dit le prix de l'argent. Et si les taux remontent trop fort, trop vite, les opérateurs cesseront d'emprunter, l'économie pourrait brusquement ralentir. Comment faire pour éviter un tel scénario ? La question lui sera sans doute posée à la mi-mars lorsqu'elle tiendra sa première conférence de presse en tant que présidente de la Réserve fédérale. Elle a donc quelques semaines devant elle pour roder son argumentaire, car la façon de communiquer sur son action compte autant que le dosage et le calendrier de son action.

 

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