La vraie fausse menace de l’immigration roumaine et bulgare

Après le Royaume-Uni, c'est maintenant l'Allemagne qui redoute l'arrivée des Roumains et des Bulgares autorisés depuis le 1er janvier à travailler dans toute l’Union européenne. La question a été soulevée par les conservateurs de Bavière, elle a été examinée ce mercredi à Berlin en Conseil des ministres. Leur slogan : « Celui qui fraude doit dégager ». Ils pensent que l'arrivée des Roumains et des Bulgares met en péril leur protection sociale.

C'est vrai que l'Allemagne apparaît comme la destination préférée des candidats au départ dans un sondage effectué en Bulgarie. C'est donc bien sur l'Allemagne que cette nouvelle poussée migratoire pèsera le plus. Mais ce fait numérique est à mettre en relation avec les besoins démographiques du pays le plus peuplé et le plus vieux de l'Union européenne. 500 000 nouveaux arrivants sont attendus en Allemagne en 2014 selon l'IAB, l'institut allemand qui scrute le marché du travail, et parmi eux environ 100 000 ressortissants de Roumanie ou de Bulgarie. L'ouverture du marché allemand aux Roumains et aux Bulgares va donc amplifier plutôt que déborder une vague migratoire assez forte. Ces nouveaux arrivants vont-ils faire dériver les comptes sociaux ? Pas du tout, ils doivent au contraire contribuer à les rééquilibrer, estime le responsable des Chambres de commerce et d'industrie allemande. Il considère que l'Allemagne a besoin de 1,5 million de travailleurs étrangers dans les prochaines années pour maintenir la croissance et garantir le système social. Comme en Suisse, le patronat allemand est plutôt favorable à l'immigration.  

Le sondage effectué en Bulgarie par l'institut Alpha Research conforte les attentes des entreprises allemandes

D'après cette enquête, les candidats à l'émigration sont à 70% âgés de moins de 30 ans et à 80% des diplômés au moins du secondaire. 8 sur 10 espèrent travailler, ils correspondent donc bien aux attentes du patronat allemand. Les autres candidats migreront pour étudier, et même pas un sur 100 n’est motivé par les aides sociales. Le portrait-robot de ces futurs entrants est aux antipodes de l'immigré profiteur souvent brandi comme un chiffon rouge par les partis politiques. C'est au Royaume-Uni que la figure de l'étranger opportuniste est la plus répandue.

David Cameron a lancé la polémique en annonçant l'année dernière la restriction des prestations sociales pour les nouveaux venus en provenance de Roumanie et de Bulgarie

Pour prendre une telle décision, interdite par les textes européens, on suppose que le Premier ministre s'appuie sur des enquêtes approfondies. Or les deux rapports publiés début novembre sur le sujet en Grande-Bretagne (l'un par le Collège universitaire de Londres, l'autre par l'Institut national de recherche économique et social) concluent de concert que les immigrés ont plus rapporté aux caisses de l'Etat qu'ils n'ont coûté en termes de prestations sociales. Que ces immigrés soient ou non d'origine européenne. Cela tient aux profils des immigrés arrivés sur le sol britannique depuis le début des années 2000 : ils sont plutôt jeunes et très diplômés. Ils trouvent donc très vite un travail et n'ont pas besoin du filet social pour réussir leur intégration. Les recherches menées dans d'autres pays européens aboutissent à des conclusions similaires. Les immigrés ne constituent donc pas une menace, mais bien un coup de pouce pour les systèmes de protection sociale des économies développées d'Europe de l'Ouest.

 

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