Les défis du Bangladesh

Au Bangladesh, l'opposition ne digère pas la victoire du parti au pouvoir aux élections législatives. D'où une série de heurts et de manifestations violentes dans la capitale, Dacca. Des troubles qui interviennent dans un contexte économique déjà dégradé.

La croissance du Bangladesh est encore soutenue, de l'ordre de 6 % pour 2013, mais c'est une contre-performance au regard des attentes du gouvernement. Et avec l'agitation de la rue, 2014 s'annonce compliquée. Pourtant ce pays a besoin de progrès vigoureux pour sortir du dénuement car la pauvreté touche 4 habitants sur 10. Grâce à l'industrie textile, le Bangladesh a fait un bond considérable ces dix dernières années. Quatre millions de personnes, essentiellement des femmes ont maintenant un emploi dans ces ateliers. C'est une véritable avancée mais l'incendie du Rana Plaza au printemps a mis en lumière les conditions de travail déplorables réservées à ces ouvriers. D'où les grèves à répétition pour l'amélioration des conditions de travail et du salaire des employés. En novembre, le conseil des patrons a fini par accepter une hausse des salaires de 77%.

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L'essor de l'industrie textile en question

Il y a effectivement une course cynique des donneurs d'ordre vers les pays qui offrent les plus bas coûts. C'est d'ailleurs en proposant les coûts les plus faibles au monde que le Bangladesh est devenu le deuxième exportateur textile derrière la Chine. Mais cette course au moins-disant social a peut-être atteint ses limites. D'une part parce qu'on voit les revendications salariales poindre aussi chez les concurrents. C'est le cas par exemple au Cambodge où le mouvement prend de l'ampleur depuis plusieurs semaines. D'autre part parce qu'il n'y a pas non plus beaucoup d'alternative au Bangladesh.

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Pour que cette industrie soit réactive, au rythme des renouvellements toujours plus rapides des collections, il faut un appareil productif en état de marche, avec une main d'oeuvre formée, des infrastructures de transport adéquates, autant de facteurs que peu de pays réunissent à l'échelle du Bangladesh. Mais cet avantage doit être consolidé car la catastrophe du Rana Plaza a eu un impact très négatif sur l'image de cette industrie.

Des réformes urgentes à mener

Pour conserver sa position dominante sur le marché du textile, le Bangladesh a une série de réformes urgentes à mener, estime la Banque mondiale. C'est surtout sur le plan social que Dacca est attendu. Sous la pression des campagnes lancées par les ONG, les marques multiplient les exigences en termes de droit et de sécurité au travail. Des exigences appuyées en partie par les gouvernants. L'Union européenne par exemple a été l'un des co-signataires de l'accord passé entre les donneurs d'ordre, l'organisation internationale du travail et les industriels bangladais pour améliorer les standards sociaux. En cas de non respect du pacte, Bangladesh risque de perdre son accès privilégié au marché européen, un scénario impensable pour cette industrie qui est encore et pour longtemps la locomotive du développement économique.

 

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