Les plus optimistes parlent d'un bénéfice net de 1000 milliards de dollars pour le produit intérieur brut mondial. En levant une série de barrières douanières, l'accord trouvé à Bali pourrait donc donner un sérieux coup de pouce au commerce mondial et il en a bien besoin, car l'élan est brisé depuis la crise de 2008. Entre 1980 et 2011, il a progressé chaque année de 7% en moyenne, soit le double de la croissance annuelle du produit intérieur brut.
Et depuis deux ans cette dynamique s'est inversée, les échanges augmentent moins vite que la croissance mondiale. Une situation atypique, voire anormale pour les économistes férus de mondialisation. L'Europe, l'un des gros marchés importateurs de la planète est à la peine depuis deux ans et cela explique en partie cette intrigante décélération. En partie seulement, le côté obscur de ce ralentissement c'est le protectionnisme des pays développés.
Depuis 2008, 1500 nouveaux règlements entravant les échanges ont été mis en place dans les pays du G20
C'est ce que souligne l'étude réalisée par un économiste de l'université suisse de Saint-Gall. En septembre dernier, l'Union européenne a reconnu avoir pris près de 700 initiatives pour protéger son marché. La partie visible et présentable de ce regain de protectionnisme, c'est la célébration du local sur tous les tons. Les Américains raffolent du made in America et les Français se disent prêt à dépenser plus pour des produits fabriqués en France.
C'est politiquement correct, mais économiquement risqué pour la croissance. Beaucoup d'historiens estiment que les barrières mises en place aux États-Unis dans les années 30 ont certainement accentué la récession qui a suivi la crise 1929. Cette politique de fermeture des frontières a parachevé la déglobalisation à l'œuvre entre 1913 et 1950.
La déglobalisation est forcément mauvaise pour la croissance ?
C'est l'avis définitif des libéraux. D'après eux l'accélération des échanges doit continuer à être le moteur de la croissance, notamment dans les pays émergents. La Chine est en train de se recentrer sur son marché domestique, mais il y a bien d'autres pays, des émergents comme des pays en développement qui ont besoin d'échanger plus encore, et ce sont ces pays qui se sont particulièrement impliqués à Bali pour qu'un accord soit trouvé au sein de l'OMC. Mais d'autres économistes plaident pour un retour au local comme gisement d'emplois.
C'est pourquoi l'accord trouvé samedi à Bali même s'il est minimal est vital. Car l'OMC demeure la seule instance où tous les États membres peuvent faire valoir leur vision du commerce. La seule instance où le débat peut déboucher sur un accord pourquoi pas profitable à tous, avec la prise en compte des intérêts des nouveaux exportateurs comme des importateurs historiques. Cette nouvelle page de l'histoire du commerce mondial reste à écrire, une histoire où il ne sera pas seulement question de barrières tarifaires ou douanières, mais aussi de droits sociaux, d'environnement, et pourquoi pas du rôle des monnaies ?