Vous connaissez le proverbe : « l'arbre qui tombe fait plus de bruit que la forêt qui pousse ». Eh bien dans la France d'aujourd'hui, les fermetures d'usine font la Une des journaux, tandis que le sort des entreprises prometteuses de l'ère numérique est relégué aux pages spécialisées des médias. Ce palmarès nous donne donc l'occasion de découvrir ces jeunes pousses déjà vigoureuses et… nombreuses ! La France fournit cette année encore au cabinet Deloitte le plus gros contingent de pépites avec 86 entreprises tricolores sur les 500 identifiées. Pour la seconde année consécutive, une petite société française arrive en tête du classement. Ymagis, spécialisée dans la transition du cinéma vers le numérique créé en 2007, affiche une croissance de 60 000 % sur 5 ans.
Comment expliquer cette performance française ?
D'abord par l'école. Malgré les piètres résultats français au niveau de l'enseignement général primaire, la France est encore un des pays où l'on forme bien et en nombre des ingénieurs. Ils sont indispensables pour développer ces entreprises techno. Par ailleurs, l'environnement juridique est extrêmement favorable à la création d'entreprises. Cela va des indemnités chômage versées pendant deux ans aux créateurs d'entreprise aux cadeaux fiscaux.
Il y a aussi une part de génie des entrepreneurs français qui savent se positionner sur des niches prometteuses, avec des débouchés à l'international. C'est le cas d'Ymagis, numéro un en Espagne et en Allemagne, ou encore de son prédécesseur au classement Deloitte, Critéo, qui poursuit sa course météorique. Ce spécialiste de la publicité ciblée est, depuis peu, coté au Nasdaq, la bourse américaine des valeurs technologiques où l'on retrouve Apple, Amazon ou Google.
Est-ce que cette pépinière d'entreprise sera un relais de croissance ?
Ces start-up créent des emplois, mais c'est encore anecdotique à l'aune de l'hémorragie en cours dans le secteur de l'industrie. Et puis pour le moment, ces jeunes pousses ont un problème de croissance. Elles parviennent rarement à l'âge adulte pour devenir des géants comme les Américains du secteur. Peut-être parce que le passage du statut de start-up à celui d'entreprise à taille intermédiaire est délicat. Le cadre juridique devient contraignant.
C'est aussi une question de culture. Les entrepreneurs français sont créatifs, mais ils n'ont pas nécessairement le goût du risque et ils préfèrent souvent vendre leur bébé à une grande société, plutôt que de s'exposer à un échec. Pour pérenniser ces start-up, le gouvernement a annoncé aujourd'hui la création d'un label 'French Tech' pour justement aider ces pépites à transformer l'essai. La capitale, qui accueille la moitié des start-up françaises, possède déjà ce label censé promouvoir le financement privé de ces entreprises.