L’argent des migrants, une ressource précieuse pour les pays en développement

Pour venir en aide aux rescapés du typhon Haiyan, les Philippins de l'extérieur ont redoublé d'effort. D'après une évaluation du ministère philippin chargé de la diaspora, les transferts pourraient bondir de 10 % pendant les deux derniers mois de l'année. C’est un exemple parmi d’autres de l’importance des ces envois de fonds pour les pays les plus démunis.

Ce qui se passe en ce moment aux Philippines démontre en grandeur nature la puissance et l'efficacité des transferts effectués par les migrants. Chaque jour le ministère philippin en charge de la diaspora reçoit par courrier électronique plus de 200 propositions de dons ou d'aide matérielle. Des offres formelles complétées par une myriade d'interventions directes effectuées sans publicité aucune par des cousins ou d'ex-voisins soucieux de leurs compatriotes.

Cette manne n'est pas vraiment une surprise sur l'archipel, il fait depuis longtemps partie des pays où les transferts sont les plus importants. Et pour cause, un philippin sur dix s'expatrie pour gagner sa vie. D'après l'étude annuelle de la Banque mondiale publiée au mois d'octobre, avec 26 milliards de dollars au compteur, les Philippines seront cette année le troisième pays destinataire des envois de fonds après l'Inde et la Chine.

Ces transferts jouent un rôle crucial dans l'économie des pays en développement

Au Tadjikistan, les transferts représentent la moitié du produit intérieur brut. Au Bangladesh, ils rééquilibrent la balance des paiements et constituent un amortisseur de la pauvreté. Ce mode de financement est précieux parce qu'il est extrêmement souple. Contrairement aux promesses de dons ou de prêts des États qui tardent souvent à se concrétiser, les envois des migrants sont rapides et très réactifs.

En Égypte par exemple, ils ont presque triplé depuis 2009 et pourraient cette année atteindre les 20 milliards de dollars. C'est-à-dire trois fois plus que les recettes du canal de Suez, souvent présentées comme une composante essentielle de l'économie égyptienne. Les transferts de la diaspora dépassent de loin l'aide officielle des États, mais aussi les investissements directs étrangers. Pour les États les plus pauvres, c'est à la fois un filet de sécurité et un mode alternatif de financement.

Ces flux privés ont continué à progresser malgré la crise

Cette année, les transferts vont dépasser les 400 milliards de dollars à travers le monde. L'enveloppe devrait continuer à croître dans les prochaines années dans le monde entier. En ce qui concerne l'Afrique, le Nigeria capte une bonne part des transferts estimés à 32 milliards de dollars pour l'Afrique subsaharienne. Mais ce chiffre n'est pas fiable, car beaucoup d'États manquent de moyens pour répertorier les données. Le transfert pour l'Afrique est peut-être deux fois plus important.

Autre particularité du continent, le coût des transferts, il est de 11 % en Afrique, contre 8 % en Asie. La fragmentation des règlements nationaux, l'absence de marché à l'échelle régionale rendent les opérations juteuses pour les banques. Pour un envoi entre l'Afrique du Sud et la Tanzanie par exemple, le coût peut représenter 20 % du montant. Ce racket ne concerne pas que l'Afrique et, en 2009, le G8 s'est engagé à le combattre. Mais depuis les coûts de transfert n'ont pas bougé d'un penny. Ils représentent toujours bon an mal an 9 % du montant global des envois.
 

 

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