La Troïka de retour à Chypre

Depuis mardi, les représentants de la Banque centrale européenne, de la Commission européenne et du Fonds monétaire international sont sur place, ils vérifient que l'île respecte bien ses engagements en matière de redressement de ses finances.

Mise à mal par une faillite de son système bancaire, Chypre avait obtenu en mars dernier 10 milliards d'euros auprès de la Troïka. Cinquième Etat de la zone euro à avoir demandé de l'aide, le gouvernement chypriote a très rapidement mis en place un programme d'austérité. Au point même de recevoir un satisfecit des représentants de la Troïka qui ont souligné que c'était « la première fois que 100% d'un programme prévu était réalisé ».

Le gouvernement n'a pas hésité à recourir à des mesures impopulaires, comme ponctionner les comptes de plus de 100 000 euros des épargnants. Grâce à ces efforts, la récession pour 2013 devrait se situer entre 5 et 6%, un résultat bien meilleur que celui prévu par la Troïka qui envisageait un recul de 8%. Malgré tous ces points positifs, ce nouvel audit risque reste délicat car le gouvernement chypriote va devoir maintenant s'attaquer à une réforme de la fonction publique.

Dans le budget 2014 le gouvernement envisage d'aller encore plus loin

Les mesures prises par le président Anastasiadès vont bien au-delà des demandes de la Troïka. Nicosie joue la carte de la rigueur à tous les étages afin d'éviter un deuxième plan d'aide. En plus de nouvelles baisses, le budget pour 2014 prévoit une augmentation des impôts.

Pressé d'en finir, le gouvernement chypriote a inscrit dans son budget un déficit de 3% du PIB alors que ses bailleurs de fonds n'en demandaient que 4,5%. Un zèle qui peut faire craindre aux chypriotes des temps difficiles. L'austérité se fait déjà sentir : la pauvreté augmente, le chômage galope, le commerce périclite et les faillites d'entreprises se multiplient.

Les prévisions de la Troïka étaient-elles trop pessimistes ?

Peut-être faut-il y voir une forme de diplomatie de la part des bailleurs de fonds. En annonçant des prévisions très sombres, les représentants de la Troïka ne peuvent que se féliciter des meilleurs résultats obtenus. Une manière de dire que les objectifs fixés sont atteignables.

Ce nouvel audit intervient alors que le président grec a déclaré qu'il refuserait de nouvelles mesures d'austérité pour son pays. A l'inverse des Grecs ou des Portugais, les Chypriotes semblent résignés, mais combien de temps cela peut-il tenir ? Une bouffée d'air pourrait venir des banques si elles acceptent d'assouplir les conditions d'octroi des crédits et redonner ainsi du souffle aux entreprises.

Les banques de l'île détiennent d'importants dépôts de capitaux russes et ukrainiens, que le gouvernement maintient pour le moment sous contrôle. Ces sommes bloquées ont certainement contribué à atténuer la facture de la récession. Une levée du contrôle de ces capitaux pourrait avoir lieu d'ici quelques mois.

 

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