Un nouveau souffle pour l’économie chinoise ?

Au troisième trimestre, l'économie chinoise a crû de 7,7%. Une belle performance après un premier semestre en dessous des espérances du gouvernement chinois. Des bons chiffres à relativiser, en raison de l’endettement inquiétant des provinces.

Les autorités communistes se sont données pour objectif de parvenir à 7,5% de croissance en 2013 et elles sont en passe de réussir. Comme d'habitude avec la Chine, la quantité est bien là mais des interrogations demeurent sur la qualité. Car pour le moment ce n'est pas la consommation des ménages qui entretient l'activité, c'est encore la relance publique. En témoigne le bond des investissements dans les infrastructures. La construction des chemins de fer a crû de 20% sur les six premiers mois de l'année par rapport à 2012. Celle des voies routières de 40% et celles des égouts a bondi de 50%. Même si la Chine a encore besoin de s'équiper en infrastructure, cette envolée des investissements publics est surtout entretenue par les pouvoirs publics et non par des investisseurs privés ou des ménages. En clair, c'est un moteur artificiel qui dope l'activité.

Les Chinois ont voulu ainsi enrayer l'essoufflement de la croissance

Ils ont mis le paquet. Mais avec des moyens douteux au niveau des provinces, comme des petites entreprises. Elles se sont endettées auprès des établissements non bancaires qui ne sont pas très regardants sur la capacité de remboursement de leurs clients. Ces prêteurs, comme les apprentis sorciers des subprimes, revendent ces créances emballées dans des produits financiers complexes. C'est pourquoi la Chine n'est pas à l'abri aujourd'hui d'une crise financière qui pourrait briser le second souffle de l'économie chinoise. Difficile d'évaluer le niveau de ce shadow banking. Le gouvernement a lancé un vaste audit des finances des gouvernements provinciaux pour essayer d'y voir plus clair sur le niveau d'endettement des collectivités. Le résultat sera connu en novembre, juste avant le comité central du Parti communiste où le président Xi Jinping veut présenter ses grandes réformes économiques.

Des réformes pour développer une économie répondant plutôt à la demande des ménages

Des réformes plus faciles à formuler qu'à concrétiser, car faute de protection sociale suffisante, faute de confiance dans le système bancaire, les Chinois préfèrent épargner ou investir dans la pierre plutôt que de consommer. Par ailleurs, l'industrie semi-publique, qui a fait la fortune de la Chine ces trente dernières années, est en train de perdre en compétitivité. On l'a vu en septembre, les exportations ont brutalement chuté. En partie parce que les clients traditionnels sont à peine sortis de la récession, mais surtout parce qu'ils ont commencé à faire leur marché dans des pays concurrents, quand ils n'ont pas carrément relocalisé chez eux une partie des produits manufacturés dont ils ont besoin. En d'autres mots, le modèle chinois commence à perdre de sa singularité.
 

 

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