24 milliards de dollars de revenus ont disparu en fumée, selon l'agence de notation Standard and Poors qui a déjà fait tourner ses ordinateurs pour évaluer le manque à gagner. 24 milliards de dollars, c'est un demi-point de croissance en moins au quatrième trimestre. Ces pertes virtuelles, cela correspond au café, au sandwich, au ticket de bus que les employés fédéraux n'ont pas dépensé parce qu'ils sont restés chez eux au lieu d'aller travailler. Ce sont aussi les pertes sèches des entreprises en contrat avec le gouvernement. Elles ont dû mettre au chômage technique les salariés concernés et ceux-là n'auront pas de compensation. Il y a aussi toutes les dépenses publiques ou les actes de la vie administrative reportés comme les demandes de visa, les demandes de licences pour la création d'une entreprise, ou encore de garantie pour un prêt immobilier. Ces reports sont un moindre mal, mais ils contribuent bien au ralentissement de la croissance.
Il y a aussi un coût pour l'Etat fédéral
En 1995, l'Etat américain a dépensé 1,4 milliard de dollars en plus à cause du shutdown. La querelle récurrente entre républicains et démocrates pour rendre l'Etat plus vertueux, moins dépensier, ne fait donc qu'alourdir la dette américaine. De 700 milliards de dollars, selon une étude réalisée sur la base de ces quatre dernières années. Au-delà de ces coûts quantifiables, ces bagarres de chiffonniers ont aussi un impact psychologique. L'été 2011, quand on a cru que les Etats-Unis étaient au bord du défaut de paiement, le moral des ménages a chuté brutalement et ça a pris des mois pour que les familles retrouvent foi en l'économie de leur pays. C'est pourquoi aujourd'hui des analystes et un nombre de croissant d'Américains jugent que les parlementaires constituent bien le plus gros risque pour la première puissance économique mondiale. La loi adoptée hier dans l'urgence n'a fait que reculer l'échéance, on peut donc raisonnablement penser que la prudence restera de circonstance au moins jusqu'en janvier prochain.
La lutte contre le déficit public serait-elle contre-productive ?
C'est la thèse défendue par plusieurs économistes. L'Etat américain a déjà fourni beaucoup d'effort pour réduire son déficit. En passant de 8,7% du PIB en 2011 à 3,9% en 2012, le déficit a retrouvé un niveau soutenable par rapport à la charge de la dette. Continuer dans cette voie est plus que discutable, selon Alexandra Estiot, analyste de BNP. L'austérité à haute dose aurait détruit un à deux millions d'emplois. Un comble quand on sait que la lutte contre le chômage est la priorité de la politique monétaire de la Réserve fédérale.