A la Une : quelques heures avant le défaut de paiement des Etats-Unis

 

Les journaux américains résument aujourd’hui la folle journée d'hier et s'interrogent sur les perspectives d'un accord à la dernière minute pour aujourd'hui.
« Ils l'ont tenté, ils ont échoué », s'exclame le New York Times en référence à l'attitude des républicains. Les conservateurs à la Chambre des représentants ont en effet essayé hier de passer en force en proposant leur propre texte pour mettre fin au shutdown et en même temps pour relever temporairement le seuil de la dette. Mais « John Boehner a échoué à rassembler suffisamment d'élus républicains derrière ce texte de la dernière chance », rapporte le journal. Du coup, c'est le Sénat qui reprend aujourd'hui le flambeau. Les chefs de file démocrates et républicains, Harry Reid et Mitch McConnel, devraient présenter un texte commun ce mercredi matin. Mais comme le note le Los Angeles Times, « même dans le meilleur des cas cet accord potentiel ne passera pas les deux chambres du Congrès dès aujourd'hui ».

Le Washington Post s'interroge en Une « Qui dirige maintenant la Chambre des représentants? » avant de répondre: « Plus personne. Puisque John Boehner, à la botte des ultraconservateurs, ne maîtrise plus du tout ses troupes ». Le quotidien conservateur National Journal parle d'une « implosion de la majorité républicaine à la Chambre ». Et USA Today emploie les gros moyens pour trouver une phrase qui résume la situation des républicains. « Le jeu de la dernière limite auquel on assiste actuellement au Capitole n'a d'égal que la stupidité grotesque avec laquelle les musiciens ont joué jusqu'à la dernière minute sur le pont du Titanic ».

Venezuela : début des débats à l’Assemblée sur les pouvoirs spéciaux

Au Venezuela, l’Assemblée nationale a commencé hier à débattre de la loi qui permettrait au président Nicolas Maduro de bénéficier des pleins pouvoirs. Cette loi est très contestée par la presse. Selon le quotidien El Universal, elle signifie la « mort de l’Etat de droit ». La loi donnerait « au président illégitime des pouvoirs stratosphériques. La société rejette la politique du régime. Du coup, les autorités optent pour une politique impliquant la privation de toutes les libertés qui se conclura par une dictature parfaite ».
Et l’éditorialiste d’affirmer qu’avec la mise en place d’une telle loi,« Nicolas Maduro, un fonctionnaire gris, sans véritables capacités pour diriger le destin de la nation, va finir par instaurer le régime cubain au Venezuela ».

Tal Cual, quotidien d’opposition en ligne, estime lui aussi que la promulgation de cette loi s’apparente à l’officialisation de la dictature. Le quotidien revient sur la proposition faite par Jesus Silva, « un écrivain vénézuélien, également spécialiste de la Constitution, militant marxiste et professeur à l’Université Centrale du Venezuela », qui penche plutôt pour « la promulgation de l’Etat d’exception ». Cette option avait finalement été rejetée par les chavistes. Pourtant, selon Jesus Silva, elle correspondait parfaitement au motif invoqué : la lutte contre la corruption. Elle aurait aussi permis de gouverner par décret. Tal Cual rappelle que c’est pour les mêmes motifs qu’Hitler avait opté pour l’Etat d’exception en 1932 en Allemagne. En invoquant les pleins pouvoirs au lieu de l’Etat d’exception,  « les autorités vénézuéliennes évitent ainsi une polémique supplémentaire, estime Tal Cual  […] et pourront mettre en œuvre une politique répressive, de discrimination et de peur basée sur une seule idée : imposer un système que personne ne veut […], le socialisme du XXe siècle ».
Haïti : la société civile met en garde contre chaos institutionnel

En Haïti, la société civile met en garde contre un chaos institutionnel. En cause : un nouveau bras de fer entre le président Michel Martelly et le Sénat. La Chambre haute du Parlement haïtien est constituée de trente sénateurs. Les mandats de dix d'entre eux ont expiré en 2012. Mais il n'y a pas eu d'élections sénatoriales partielles. Leurs sièges sont donc vacants. Une nouvelle menace pèse maintenant sur les sénateurs restants : la présidence estime que les mandats de dix entre eux, élus en 2009, expirent en janvier 2014. Alors que les élus se réfèrent à la Constitution haïtienne, qui stipule que les sénateurs sont élus pour six ans et que donc leurs mandats expirent en janvier 2015.

Ces nouvelles tensions entre l'exécutif et le législatif inquiètent la société civile, puisque « un départ forcé, prématuré et illégal des sénateurs avant que n'aient lieu les élections sénatoriales partielles constituerait une dissolution de facto du Parlement et une grave violation de la Constitution », écrit un collectif qui regroupe différentes organisations de la société civile et dont les propos sont rapportés aujourd'hui par Le Nouvelliste. Toujours selon ces organisations, le départ prématuré de ces dix sénateurs « ouvrirait la voie à l'instabilité politique ». Car avec seulement « 10 membres, le Sénat sera dysfonctionnel. Le Parlement ne pourra voter plus de lois. Dans ce cas, le chef d'Etat dirigerait par décret », note le professeur Rosny Desroches dans les colonnes du journal avant de conclure : « Nous ne voulons pas faire un procès d'intention, mais nous devons être vigilants. S'il y a un danger à l'horizon, il faut l'éviter ».

Brésil : les manifestations d'enseignants dégénèrent en heurts avec la police

Quelque 2 000 manifestants ont profité de la journée des enseignants pour bloquer les rues de Sao Paolo. Ils protestaient contre la politique en matière d’éducation du gouverneur, rapporte la Folha de Sao Paolo. Ils exigeaient une augmentation de salaire de 36,74% et défilaient en solidarité avec les enseignants de Rio de Janeiro qui sont en grève depuis le 8 août dernier. A Rio, plusieurs milliers de personnes ont manifesté pour exiger la reprise des négociations avec la municipalité, qui a voté début octobre un plan de carrière pour les professeurs des écoles publiques. Selon Carta Capital, des groupes cagoulés de Black Blocks ont formé des cordons de protection autour des manifestants, et se sont heurtés aux forces de police qui ont chargé avec des gaz lacrymogènes. Plus de 200 personnes auraient été arrêtées à Rio selon O Globo, une soixantaine à Sao Paolo. Pour l’éditorialiste de Carta Capital, c’est le manque de dialogue des autorités qui a conduit à ce blocage.

Partager :