Avec notre correspondante à Washington, Anne-Marie Capomaccio
Les services de l’Etat vont, dès demain, recommencer à travailler. Les Etats-Unis ont un budget jusqu’au 15 janvier 2014. Et le plafond de la dette est relevé jusqu'au 7 février. Par ailleurs, avant la fin de l’année, des négociations doivent avoir lieu dans les deux Chambres, entre républicains et démocrates, pour parvenir à un accord de long terme.
Car c’est un accord de court terme qui a été signé, un accord qui va, en fait, simplement permettre de discuter calmement, sans causer plus de dommages à l’économie américaine, et à l’économie mondiale. Donc l’optimisme est mesuré mais le pire est évité, le pire étant un défaut de paiement des Etats-Unis.
Obama vainqueur
Le président américain sort finalement vainqueur de cette épreuve de force. Politiquement, c’est un bon résultat pour Barack Obama, sa fermeté est récompensée car aucune concession majeure n’est faite sur la réforme sur la santé. Il n’obtient pas l’accord de long terme souhaité, mais il évite une nouvelle crise juste avant les fêtes, période importante pour le commerce. Et de réelles négociations vont commencer.
Bon point également pour le parti démocrate qui a su rester uni. Le crédit en revient au leader du Sénat, Harry Reid, et à Nancy Pelosi, leader de la minorité démocrate de la Chambre des représentants. Mitch McConnel, le chef de file des républicains au Sénat, à l’initiative avec M. Reid du texte salvateur, tire également son épingle du jeu.
La défaite des républicains
Les grands perdants sont en effet les républicains, et à plusieurs niveaux (voir encadré). Premièrement, les élus du Tea Party qui n’ont rien obtenu, et surtout pas le retrait de la réforme sur la couverture sociale. Deuxièmement, le président républicain de la Chambre des représentants, qui a cédé aux pressions des extrémistes, aux menaces de ceux qui parlaient le plus fort afin d’acheter sa tranquillité. John Boehner a été désavoué. Beaucoup d’analystes politiques mettent en doute la pérennité de sa carrière en tant que leader républicain aujourd’hui.
Enfin le parti républicain dans son ensemble, qui a montré à quel point il est éclaté entre des tendances qui vont de l’extrême droite à une droite plus modérée. Les derniers sondages faisaient plonger le parti à 24% d’opinion favorables.
■ ZOOM : John Boehner et Ted Cruz, les deux grands perdants
Paradoxalement, même si ce sont les leaders démocrates et républicains du Sénat qui ont scellé l’accord qui sort les Etats-Unis de la crise, ceux qui font la Une sont les perdants, le président de la Chambre John Boehner, et le sénateur du Texas Ted Cruz.
Ted Cruz, à 43 ans, est le plus jeune membre du Sénat américain. Cet élu républicain du Texas, proche de l’aile extrémiste du Tea Party fait cette année ses premiers pas au Congrès, et il a su attirer la lumière. Son fond de commerce : le rejet de l’Etat, l’inutilité du gouvernement, c’est le peuple contre Washington qui ne nous comprend pas.
Ted Cruz déclare : « La politique de Washington n’a pas d’importance ! Notre seul objectif : faire en sorte que Washington écoute le peuple américain, et réponde des dégâts causés par Obamacare au peuple américain ! »
Son cheval de bataille, la loi sur la couverture sociale, baptisée Obamacare. Toute cette crise a eu pour prétexte le retrait de ce texte, emblématique du second mandat de Barack Obama. Car le président démocrate est sa cible. Ted Cruz est bien souvent à la limite de la correction lorsqu’il évoque le chef de l’Etat.
« Nous nous sommes bien battus »
Sa stratégie de blocage a toutefois échoué, et beaucoup pensent que le jeune sénateur Cruz a entraîné dans sa chute le président de la Chambre : John Boehner, 65 ans, pourtant rompu aux arcanes du Congrès, où il représente l’Ohio depuis plus de 20 ans.
Le leader républicain a cédé au Tea Party, et il a perdu, comme il le reconnaît dans un court entretien accordé à la radio de sa ville d’origine, Cincinnati : « On a essayé de faire de notre mieux pour stopper Obamacare, nous nous sommes bien battus. Nous n’avons pas gagné ».
Les élections de mi-mandat sont pour l’an prochain. Les républicains repartent de loin, avec une impopularité historique dans les sondages.