Avec notre correspondante à Washington, Anne-Marie Capomaccio
Le plus simple est de reprendre le cours de cette journée folle. Hier matin, les sénateurs étaient près d’un accord bi partisan pour une réouverture immédiate des services de l’état, un budget jusqu’au début 2014 et un relèvement du plafond de la dette jusqu’en février. La Maison Blanche était optimiste.
Hier après midi, la Chambre des représentants, dont la majorité est républicaine, a décidé de proposer un autre texte. La rédaction de ce projet reprenait l’essentiel des propositions du Sénat, mais pour ne pas trop contrarier l’extrême droite, ce texte prévoyait d’altérer en partie la réforme sur la couverture sociale.
Mais le président de la Chambre a voulu réaliser un numéro d’équilibriste qui l’a fait trébucher. Les républicains modérés ont affiché leur intention de voter contre le texte, comme les démocrates, et les élus du tea party ont jugé le projet trop favorable à Barack Obama. Résultat, malgré des cajoleries et des pressions, le président de la chambre a du abandonner son projet, voyant qu’il n’obtiendrait pas de vote.
Le AAA sous surveillance négative
La balle est à nouveau dans le camp du Sénat qui se remet au travail ce matin, et le parti républicain est en voie d’implosion. Et pendant ce temps, l’horloge tourne, Washington se rapproche d’un défaut de paiement. Et à New York, l’agence Fitch n’a pas encore dégradé la note des Etats-Unis, mais a mis son triple A, la meilleure note, sous surveillance négative.
C’est un avertissement, moins grave qu’en 2011, lorsque Standard and Poor’s avait dégradé les Etats-Unis. Mais encore une fois, c’est une manière de montrer aux membres du Congrès américain qu’ils jouent avec l’économie de leur pays, et avec l’économie mondiale en ne votant pas le relèvement du plafond de la dette. Ou même tout simplement en menaçant de ne pas le faire. Il reste 24 heures pour sauver la situation.
La lassitude des Américains
Après deux semaines de fermeture des services publics, les Américains montrent leur mécontentement dans la rue. Les manifestations se multiplient, comme hier à Washington,
Ils sont venus de tous les Etats-Unis, toutes générations confondues, les réservistes, et quelques anciens combattants de la Seconde guerre mondiale, les vétérans du Vietnam, de Corée, des guerres d’Irak et d’Afghanistan, accompagnés des militaires d’active. Un rassemblement extrêmement rare, dans le calme, pour demander au Congrès de mettre fin à la crise. Pour eux l’heure est grave, ils ne comprennent pas comment ce pays pour lequel ils se sont battus peut les traiter de cette manière.
Matthiew était en Irak, il a fait 9 heures de bus du Connecticut pour exprimer sa frustration: « Après tout ce que nous avons traversé, nous nous sentons trahis par notre propre gouvernement qui nous a envoyés faire toutes ces choses. D’accord, j’avais signé pour ça. Mais vous attendez qu’ils prennent soin de vous au retour, c’était la promesse ! »
Plus de deux semaine de fermeture des services publics, cela n’est pas supportable! Aux Etats-Unis, on est payé tous les 15 jours, les virements ne seront donc pas effectués à la fin du mois. Certaines familles n’ont pas d’autre revenu.
Des problèmes financiers, et une brèche dans la sécurité nationale, qui inquiète le major Andrew Davis, président de l’organisation des réservistes américains : « Nous avons cessé de nous entrainer, nous n’assurons pas la maintenance de notre matériel, et la modernisation de nos équipements (nos ennemis) n’en sont pas là, ils s’entraînent, ils se battent, et ils constituent une menace ».
Si les militaires en poste doivent percevoir leur solde malgré la fermeture des services publics, le Pentagone évalue à 5 millions, le nombre d’anciens combattants et réservistes qui seront privés de revenu à la fin du mois.