La chancelière allemande obligée de lisser l’austérité pour s’entendre avec le SPD

En Allemagne, le parti des Verts a renoncé à former un gouvernement avec la CDU d'Angela Merkel, alliée à la CSU de Bavière. Angela Merkel, qui a fait un triomphe aux élections législatives, doit donc négocier avec les sociaux-démocrates pour former une coalition. C'est essentiellement sur des dossiers économiques que les deux partis doivent trouver un terrain d'entente.

Dans son manteau de « mère la rigueur », Angela Merkel a triomphé aux élections en raflant plus de 40% des suffrages. Elle devra pourtant opter pour l'habit du Père Noël et distribuer des cadeaux aux sociaux-démocrates si elle veut parvenir à former une coalition avec eux. Car maintenant que les Verts ont jeté le gant, le SPD tente d'obtenir le maximum de concessions à l'austérité en échange de sa participation. La mise en place d'un salaire minimum, encore impensable il y a quelques mois, devient une condition presque incontournable à la formation d'une coalition entre le SPD et la CDU.  

Autre dossier chaud pour l'économie allemande : la transition énergétique de plus en plus coûteuse pour les consommateurs

Depuis l'entrée en vigueur de la loi sur la transition énergétique en 2000, 100 milliards d'euros ont été dépensés pour financer les énergies renouvelables. Et ce sont les consommateurs qui règlent l'addition à travers une taxe sur le prix de l'électricité. Pour préserver sa compétitivité, l'Allemagne a trouvé une astuce pour exempter les industriels de ce surcoût. Mais ce choix politique est de plus en plus contesté par les sociaux-démocrates, car il pénalise les familles les plus pauvres. La chancelière pourrait accepter un aménagement du dispositif, car elle est par ailleurs sensible aux pressions des énergéticiens. Ils lui ont démontré que la subvention au renouvelable fait grimper le prix de l'énergie conventionnelle, ce qui n'est pas bon pour la croissance.

Les sociaux-démocrates exigent des taxes plus lourdes pour les ménages aisés et la relance des investissements publics

La fiscalité est une ligne de démarcation de plus en plus flottante pour les sociaux-démocrates. Le négociateur du SPD, Sigmar Gabriel, a déjà laissé entendre que les hausses d'impôt n'étaient pas une fin en soi. Du côté des dépenses publiques, les sociaux-démocrates jouent sur du velours. La rénovation des infrastructures en état de délabrement à cause de la rigueur est aujourd'hui une demande non seulement des élus régionaux SPD mais aussi du monde des affaires qui réalise que cette dégénérescence nuit aux intérêts économiques de l'Allemagne. Il est donc assez facile d'obtenir gain de cause sur un sujet, là aussi devenu consensuel. Il ne faut toutefois pas surestimer la marge de manœuvre des sociaux-démocrates, car ils n'ont obtenu que 25% des voix aux élections et la chancelière saura bien le leur rappeler. C'est pourquoi il est loin d'être acquis qu'ils obtiennent le très convoité ministère des Finances.

Le ministère des Finances, un enjeu majeur pour la coalition

C'est un poste clé en Allemagne : son titulaire ne s'occupe pas que du budget, il est aussi la voix de Berlin au niveau européen, que ce soit dans l'aide apportée aux Etats en difficulté ou dans la négociation sur l'union bancaire, fait remarquer Thomas Fricke, l’ancien directeur du défunt Financial Times-Deutschland. Et pour le moment, Wolfgang Schaüble, qui défend bec et ongles la vision austère de l'Allemagne de Bruxelles à Athènes, semble bien décidé à conserver son poste.
 

 

 

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