Il ne manque plus que le vote du Congrès pour que la réforme entre en vigueur. Une fois encore, les représentants américains jouent la montre et détiennent la clé d'un dossier capital pour le reste du monde.
Après la crise de 2008, les pays émergents exigent au plus vite le rééquilibrage du pouvoir au sein du Fonds monétaire international. Les Européens abandonnent deux sièges au conseil d'administration où 24 pays ou groupes de pays sont représentés. La Chine voit ses droits de vote quasiment doubler (pour monter à 6,07%). Les Etats-Unis restent cependant tout puissants dans cette instance, avec un droit de vote à 16% raboté de quelques dixièmes.
Par ailleurs, les réserves du fonds devraient grossir avec le doublement des contributions de chacun des Etats membres. C'est sans doute ce volet financier qui titille les élus républicains déjà obnubilés par la hausse des dépenses publiques américaines.
C'est pourtant une réforme assez limitée que le FMI cherche à mettre en place, les émergents ont bien d'autres exigences. Par exemple la fin de l'hégémonie européenne à la direction du fonds.
L’hégémonie européenne de plus en plus contestée
Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, les Etats-Unis se réservent la tête de la Banque mondiale et laissent un Européen diriger le FMI. Un partage des rôles insupportable pour les pays émergents qui veulent exister sur la scène internationale. Mais aussi parce qu'ils contestent de plus en plus la voie empruntée par le fonds pour résoudre les crises.
Cette divergence remonte aux années 1980 quand le FMI impose des coupes sombres dans le budget des Etats en faillite. Les Etats d'Amérique du Sud et d'Afrique ont fait les frais de ce consensus de Washington qui a viré depuis en collapsus. L'austérité à rythme forcé achève le malade plutôt qu'elle ne le guérit, a t'on constaté depuis dans de nombreux pays. C'est avec la crise grecque que le fossé entre émergents et pays européens a atteint son paroxysme.
Les émergents se sont opposés au premier sauvetage de la Grèce
D'entrée de jeu ils ont recommandé une restructuration immédiate de la dette grecque. Mais le fonds, alors dirigé par Dominique Strauss-Khan, soutient le premier plan d'aide mené conjointement avec l'Union européenne.
Pour les émergents, l'opération de 2010 a été organisée pour épargner les banques européennes qui détenaient de la dette grecque plutôt que pour sauver l'Etat grec. Il faudra d'ailleurs se résoudre à écrêter les créanciers de la Grèce en 2012. Un pavé de plus dans la mare d'un FMI de moins en moins crédible dans son rôle de régulateur mondial.