Ce mea culpa du FMI, c'est effectivement un nouveau coup de poignard à la troïka. Ce drôle d'attelage composé du FMI, de la commission de Bruxelles et de la BCE a été formé dans l'urgence pour sauver le soldat grec, et au-delà l'euro. Le voilà aujourd'hui discrédité, sur la forme comme sur le fond. Sur les erreurs d'appréciation, cette autocritique est un non-événement pour les Grecs. Commentaire lapidaire de l'actuel ministre des Finances : « Je leur avais bien dit ». Comme les économistes critiques souvent disqualifiés pour leurs convictions keynésiennes, comme les manifestants opposés à la purge, Yannis Stournaras avait prévenu : à haute dose, l'austérité peut paralyser le pays. C'est exactement ce qui s'est passé. Le retour de la croissance prévu en 2012 par le FMI n'a toujours pas eu lieu. Sur les dissensions au sein du triumvirat, le Fonds peu habitué à se faire dicter sa conduite, regrette d'avoir cédé à ses partenaires. Sa conviction : il fallait restructurer la dette grecque dès 2010, et ne pas attendre 2012 comme cela a été décidé après beaucoup d'atermoiements.
La Commission n'a pas beaucoup apprécié, elle dit être en désaccord total avec le FMI
Voilà un beau cafouillage qui renforce la thèse de certains blogueurs grecs : d'après eux, le FMI en habit de nouveau repenti, pleure avec des larmes de crocodile. Avec la publication de ce rapport qui aurait dû rester confidentiel, il chercherait à faire pression sur l'Allemagne. Son but : contraindre l'Europe à desserrer la camisole de la rigueur. Et pas seulement en Grèce. Car ce n'est pas la première fois que le FMI reconnaît ses erreurs d'analyse dans la gestion de la crise européenne. Son économiste en chef, Olivier Blanchard, a convenu l'automne dernier que l'austérité pouvait être contre-productive.
L'heure de vérité pour des institutions qui se sont érigées en donneuses de leçon
Mais cela ne doit pas occulter les erreurs des premiers concernés, les Grecs. Non seulement les gouvernants ont d'abord maquillé les comptes publics, mais ils continuent à faire la sourde oreille aux demandes pressantes de réforme structurelle. Juste un exemple. Ce pays de cocagne pour la culture des tomates en importe des Pays-Bas parce qu'elles sont moins chers, même transportées par avion. Pourquoi une telle aberration économique? Parce que le tout-puissant du syndicat des camionneurs grecs impose des conditions et des tarifs exorbitants au transport domestique, c'est une économiste du FMI qui raconte cette anecdote. Une instance qui aime bien avoir le dernier mot.