La baisse du chômage annoncée hier a été la divine surprise de la rentrée pour les Britanniques. La reprise a commencé à se manifester au printemps en Grande Bretagne, mais aucun expert n'avait anticipé une réaction aussi rapide du marché de l'emploi. Les chiffres sont là : stable depuis quatre mois, le chômage a baissé en juillet. Sur le second trimestre, il recule de 7,8 à 7,7%. Tandis que le taux d'activité est au plus haut depuis 1971. Il s'agit donc bien d'une amélioration du marché de l'emploi et non d'un chiffre en trompe-l'oeil qui s'expliquerait par la désinscription des demandeurs d'emploi.
Comme pour confirmer cette vigueur, Land Rover, devenu la propriété de l'indien Tata a annoncé en début de semaine un investissement record et la création de 1700 emplois. Les performances de l'industrie automobile ont de quoi, c'est vrai, faire pâlir d'envie les concurrents de la zone euro. Sur le sol britannique, les ventes de voitures neuves ont augmenté de 10% au mois d'août. L'autre socle de la reprise, c'est la construction qui redémarre. Vous connaissez le dicton, quand le bâtiment va, tout va.
Les 3 ans d'austérité imposés par le gouvernement de David Cameron ont été finalement payants
La progression du PIB pour 2013 confirme au moins que l'austérité n'a pas cassé la croissance comme le redoutaient nombre d'experts et d'opposants politiques. Même l'OCDE revoit ses prévisions à la hausse. Au lieu des 0,8% de croissance, le Royaume-Uni pourrait gagner 1,5% cette année. Et c'est le secteur privé qui tire cette croissance. Cette performance apparait durable, l'année prochaine la croissance pourrait même dépasser les 2%. C'est vrai que la purge imposée aux Britanniques a été plébiscitée par le patronat, du coup les milieux d'affaires ont retrouvé la confiance, un facteur clé pour la reprise. C'est vrai enfin que le climat international a joué en faveur du Royaume-Uni. Il a profité du léger rebond de la zone euro, son principal partenaire commercial, et bien sûr du dynamisme retrouvé des États-Unis.
L'économie britannique est sortie des urgences au printemps, elle est maintenant en train de quitter l'hôpital. C'est le message du ministre des Finances Georges Oxborne qui s'est exprimé en début de semaine devant un parterre d'universitaires et d'hommes d'affaires. Visiblement il savoure les fruits de sa politique de rigueur.
Pour beaucoup de citoyens britanniques, les fruits sont amers
C'est vrai que les Britanniques qui ont accepté sans broncher cette cure en ressentent encore peu le bénéfice dans leur vie quotidienne. Les mieux lotis ont eu recours au crédit ou ont puisé dans leurs économies pour faire face à la crise. Les plus fragiles ont accepté les bas salaires et les fameux emplois à zéro heure, vous savez ces contrats où le temps de travail dépend uniquement du bon vouloir de l'employeur.
La multiplication de ces emplois à bas coût a certes alimenté le marché de l'emploi, mais c'est un mauvais point pour la consommation des ménages. En août, les salaires ont augmenté bien moins vite que l'inflation, ce qui veut dire que le pouvoir d'achat se dégrade. C'est l'une des grandes faiblesses du sursaut du Royaume-Uni.