Un milliard de dollars de bénéfice pour 421 milliards de dollars prêtés aux entreprises emportées par la débâcle financière. Voilà le bilan globalement positif du plan d'aide baptisé TARP, pour Troubled asset relief program, on pourrait traduire par Programme d'assistance aux actifs menacés. À l'automne 2008, la crise des subprimes est fatale à la banque Lehman Brothers, les marchés financiers sont paniqués et la machine économique en est tétanisée, littéralement à l'arrêt. Le congrès vote alors une ligne de crédit de 700 milliards de dollars pour venir en aide aux secteurs les plus mal en point. Les banques d'abord qui pourraient s'effondrer et donc priver l'économie américaine d'oxygène. Le secteur automobile ensuite, qui reste le moteur de l'industrie.
Deux secteurs qui sont aujourd'hui sortis du rouge
650 banques américaines ont bénéficié de ces crédits, elles ont quasiment déjà tout remboursé, d'où les bénéfices réalisés par le Trésor. En revanche, l'argent injecté dans l'industrie automobile n'est pas encore totalement récupéré. L'État qui a détenu deux tiers du capital de General Motors au plus fort de la crise, a encore 10 % des actions sur les bras. Mais l'essentiel est ailleurs : l'industrie automobile comme le secteur bancaire sont retombés sur leurs pattes. La reprise est sensible depuis le printemps aux États-Unis et des emplois sont à nouveau créés. Le plan de sauvetage a donc réussi à remettre l'économie à flot, c'est exactement ce qu'on en attendait.
Pourtant l'économie américaine n'a pas retrouvé son niveau d'avant la crise
C'est pourquoi il ne faut pas exagérer le bon bilan comptable du sauvetage. Les nouveaux emplois créés sont souvent plus précaires, moins bien rémunérés. Depuis 2008, la part des revenus du travail dans le produit intérieur brut a chuté de 62 à 59 %, en clair les salariés sont les grands perdants de la reprise. C'est un sujet de préoccupation électoral pour un président démocrate, mais cela peut aussi être un vrai souci pour la relance de l'économie. Le risque de ces bas salaires, c'est de voir le moteur de la consommation se gripper. C'est d'autant plus alarmant que l'Amérique pour le moment n'a pas rééquilibré son développement. La consommation et les importations sont toujours les piliers de l'activité, et non l'investissement et les exportations comme s'y était engagé le président américain.