Depuis deux ans, la sécheresse au Kenya avait nui à la croissance des précieuses feuilles dans les plantations de thé. Le volume de production était faible, mais il avait presque été compensé par le haut niveau des prix, dopés par la rareté du produit.
Cette année, la situation s'est totalement inversée. Grâce à une bonne météo et à l'enthousiasme des producteurs pour cultiver toujours plus de thé, si bien rémunéré les années passées, on prévoit la récolte de tous les temps au Kenya : plus de 400 000 tonnes, plus encore qu'en 2010, qui était le précédent record.
De l'autre côté de l'océan Indien, en Inde, au Sri Lanka, mais aussi en Indonésie, les récoltes sont belles également. La planète ne manquera pas de thé, en tout cas pas de thé noir.
Le revers de cette abondance, c'est la chute des prix. Ils ont perdu 30 % sur l'année au Kenya. Le thé Pekoe de qualité moyenne s'échangeait à moins de 2 dollars 70 cents le kilo la semaine dernière, aux enchères de Mombassa. Et la chute des prix pourrait continuer si l'Egypte continue de ralentir ses achats. Premier client du Kenya, avant le renversement du président Moubarak, l'Egypte n'est plus que le sixième destinataire du thé kényan. Et depuis la chute de son successeur, le président Morsi, il y a deux mois, les commandes égyptiennes se font encore plus rares : l'Egypte attend d'écouler ses stocks de thé pour revenir aux achats, dans l'espoir que les prix baisseront encore.
En dehors des importateurs traditionnels de thé kényan, le Pakistan, le Royaume Uni, l'Afghanistan, le Soudan, l'Iran et donc l'Egypte, il est urgent que le Kenya diversifie ses débouchés. Le nouveau président Uhuru Kenyatta s'est ainsi fait l'ambassadeur du thé kényan lors de sa visite en Chine et en Russie le mois dernier.
Le Kenya vise aussi d'autres marchés : l'Australie, Singapour, le Brésil, l'Afrique du Sud. Voire même le marché intérieur de cet autre grand exportateur de thé qu'est l'Inde.