Rupture au sommet du groupe Renault, une question d'hommes et de stratégie

En France, le numéro deux de Renault, Carlos Tavares, a démissionné hier. Carlos Ghosn, le grand patron n'a pas supporté ses ambitions à l'extérieur comme à l'intérieur du groupe. Une rupture qui solde aussi les divergences de stratégies entre les deux hommes.

 

Ce départ contraint est d’abord un règlement de compte entre deux égos. Le grand patron n'a pas supporté les ambitions du numéro deux. C'est parce que Carlos Tavares a fait savoir à la mi-août qu'il se verrait bien à la tête de General Motors qu'il a été remercié dès son retour de vacances. Carlos Ghosn, lui, sait déjà qu'il sera reconduit à la tête du groupe français au printemps. Au-delà de leurs plans de carrière respectifs, cette rupture manifeste des divergences de fond sur la stratégie industrielle suivie par le groupe. Carlos Tavares est un pur produit Renault, un amoureux de la voiture, fou du volant, il était en février au rallye de Monte Carlo. Son ambition pour Renault : ramener la marque au losange à la hauteur de Volkswagen dans la course européenne. Avec une marque haut de gamme, le retour de l'Alpine, et les véhicules hybrides.

Le patron de l'alliance Renault-Nissan a une toute autre vision du futur

Son mantra, c'est la voiture électrique, d'où la stratégie audacieuse du groupe franco-nippon qui présente une gamme complète de modèle électrique. En juillet, l'alliance a atteint son objectif en annonçant la vente du cent millième véhicule électrique pour 2013. Ce sont surtout les Nissan Leaf qui partent comme des petits pains, essentiellement sur les marchés américain et japonais. Malgré cette performance, les résultats de l'alliance sont décevants au premier semestre. Le bénéfice a chuté à cause du coût des accords de compétitivité signés en France. Si la stratégie à long terme de Carlos Ghosn est la bonne, il faudra néanmoins composer avec un outil industriel en plein redéploiement en Europe.

L’alliance Nissan-Renault veut se positionner comme le premier constructeur mondial électrique

Le constructeur a de sérieux atouts. Il s'appuie sur son histoire industrielle, son expérience, sa capacité d'innovation. Maintenant il devra compter à l'avenir avec de nouveaux venus dans le secteur. Des petits prometteurs comme Tesla. Né en Californie de la seule volonté d'un financier visionnaire, Tesla est en train de cartonner sur le segment du 100 % électrique haut de gamme. Sa Model S fait fureur sur la côte ouest. La capitalisation boursière du groupe est maintenant supérieure à celle de Fiat ou de PSA. Et surtout Tesla s'internationalise, avec une première usine en Europe, aux Pays-Bas. Elle vient d'être inaugurée.
Autre concurrent encore improbable et pourtant non négligeable : Google. Le géant de l'Internet envisage de construire lui même la voiture sans conducteur qu'il expérimente depuis un an. Avec la robotisation et l'Internet, cette vieille industrie n'a pas fini de se métamorphoser.
 

 

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