Une alternative au canal de Panama

Plus d'un siècle après la construction du canal de Panama, une nouvelle voie maritime pourrait doper les échanges commerciaux entre les océans Atlantique et Pacifique, elle passera par le Nicaragua. Un consortium chinois en est le maître d’œuvre.

L'alternative au canal de Panama traversera le Nicaragua. L'idée n'est pas nouvelle, elle fait rêver beaucoup de pays depuis fort longtemps. Les Etats-Unis ont été les premiers à envisager ce passage qui raccourcit la distance entre New York et San Francisco. Les Américains ont renoncé par crainte de réveiller les tensions entre le Nicaragua et le Costa Rica car le tracé pressenti passait par le fleuve frontière entre les deux pays d'Amérique centrale. C'était au siècle dernier, à l'époque où la puissance économique américaine était incontestée. Beaucoup d'autres pays ont depuis caressé ce rêve, entre autres la Russie, le Brésil, le Japon, faisant naître beaucoup d'espoirs au Nicaragua. Les droits de passage pourraient présenter une source inespérée de revenu pour ce petit pays d'Amérique centrale. Mais aucun de ces pays n'a les moyens de se lancer seul dans un tel projet. En revanche le mystérieux consortium chinois HKND, qui a obtenu au début du mois une concession de cinquante ans pour le réaliser, dit avoir déjà séduit des investisseurs. Pour éviter les écueils géopolitiques, l'ouvrage passera par le centre du Nicaragua. Il fera 267 kilomètres de long. Trois fois plus que celui de Panama. Deux ports, un aéroport, une ligne de chemin de fer et un oléoduc complèteront ce nouveau canal. Un chantier absolument pharaonique.

Des doutes sur le financement du chantier

Le coût est estimé à 40 milliards de dollars. Avec l'endettement qui plombe la plupart des économies, c'est vrai qu'il n'y a guère que la Chine qui paraît avoir les moyens de financer cet ouvrage. Quand il faut développer les échanges, Pékin ne compte pas. Le canal lui permettrait de raccourcir la route vers l'Afrique, lui sécurisant une nouvelle voie capitale pour son approvisionnement en charbon sud-africain, par exemple. La Chine a donc tout intérêt à se lancer dans cette entreprise. Sauf que le gouvernement n'est pas impliqué, son promoteur, Wang Jing, l'a confirmé au cours de la conférence de presse. Des investisseurs privés seraient intéressés, mais leur identité n'a pas été divulguée. D'où les doutes sur ce nouveau canal. D'autant plus que cet énigmatique promoteur n'a pas d'expérience dans la conduite des travaux, son groupe est un acteur des télécommunications. 

Un commerce international de moins en moins porteur

Pour ses promoteurs, la réponse est oui, évidemment. Le canal de Panama par où transitent 5% du commerce mondial n'est pas assez large pour accueillir les méga-pétroliers et les porte-conteneurs qui sillonnent de plus en plus les mers. Et cela malgré les travaux d'élargissement en cours. Si la taille des bateaux a augmenté, en revanche, des interrogations demeurent sur le boum espéré des échanges. La hausse du commerce mondial prévue pour les 30 prochaines années pourrait bien connaître un net ralentissement. La faute au protectionnisme. Le repli national évité jusqu'à maintenant est en train de connaître un regain. De la part des pays les plus riches qui essaient de sortir de la crise comme des émergents, eux aussi affectés par le ralentissement mondial. Si ces perspectives se confirment, il est urgent d'attendre avant de construire ce canal alternatif.
 

 
  

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