Pas facile avec un chômage de masse. On ne peut plus compter sur les cotisations sociales d'aujourd'hui pour financer les revenus de demain. Dans certains pays, le déficit des retraites a été réglé dans l'urgence, en abaissant brutalement le niveau des pensions.
C'est ce qui s'est passé au Portugal à cause de la crise de la dette. D'autres pays n'ont pas attendu la crise pour agir, ils ont décidé en amont d'allonger la durée des cotisations. C'est ce que les Etats-Unis ont fait dès 1983, repoussant l'âge du taux plein à 67 ans, leur régime est viable jusqu'en 2033. Au-delà, un coup de rabot s'imposera pour préserver l'équilibre des comptes. Enfin, il y a des pays qui comptent en partie sur l'immigration pour compenser la baisse des cotisations. C'est le cas du Royaume Uni.
Quel que soit le régime, par répartition ou par capitalisation, la réforme des retraites s'impose à un moment ou à un autre, pas nécessairement en raison de la crise, mais partout sous la pression de la démographie. Quand l'espérance de vie s'allonge, et que le taux de fécondité baisse, comme c'est le cas dans les pays développés, le modèle actuel doit être revu. Aujourd'hui au Japon, le pays le plus vieux du monde, les premiers acheteurs de couche ne sont plus les jeunes mamans mais les seniors. Un chiffre qui traduit bien ce basculement générationnel.
Le travail des seniors est-il inéluctable ?
C'est déjà une réalité en Allemagne, avec au moins un million de retraités en activité. En France, les plus de 65 ans au travail sont encore l'exception mais les Français s'y préparent. D'après un sondage effectué par le cabinet Senior Strategic, 18% envisagent de travailler pour compléter leur indemnité retraite. La grande crainte des futurs retraités, comme des gouvernants, c'est la paupérisation des plus âgés. Pour des raisons de cohésion sociale comme de fonctionnement de l'économie.
L'allongement de la durée de la vie peut aussi générer un rebond de l'économie
La silver economy, ou l'économie des tempes argentées est effectivement un levier de croissance, et donc d'emplois d'aujourd'hui pour les retraites d'après-demain. Mais c'est un secteur encore dans les limbes. Le vieillissement de la population prive surtout de clients des secteurs clés de l'industrie. En prenant de l'âge, pourquoi renouveler son véhicule, son équipement électroménager et même sa garde robe ?
Mais surtout, au-delà des retraites, tous les économistes constatent que le départ en retraite des générations fournies de l'après-guerre, les baby boomers, a des conséquences dévastatrices sur la santé des économies développées.
D'après des projections d'experts, les déficits américains baisseront jusqu'en 2017, ensuite ils commenceront à remonter, faute de main d'oeuvre pour faire tourner l'économie. L'arrivée des nouveaux immigrants ne suffira pas à combler le départ des baby boomers, la croissance ralentira mécaniquement. Une situation que connait le Japon, que redoute l'Allemagne. La France avec son taux de fécondité à 1,7% a encore un peu de répit, mais c'est juste une question de temps.