Ce rapport est en quelque sorte une boîte à outils. Une boîte à outils dans laquelle le gouvernement puisera pour élaborer sa réforme, en concertation avec les partenaires sociaux. Yannick Moreau, l’ancienne présidente du conseil d’orientation des retraites, en a livré les grandes lignes la semaine dernière en recevant les syndicats.
Parmi les pistes envisagées, deux sont particulièrement contestées. La première concerne l'allongement de la durée de cotisation. Aujourd’hui fixée à 41 ans et demi, elle pourrait passer selon les syndicats à 43, voire 44 années. Sur le papier, on ne touche pas à l'âge de la retraite que François Hollande s'est engagé à ne pas relever, mais sur le papier seulement.
L'autre sujet qui enflamme les syndicats porte sur le rapprochement entre public et privé pour le calcul des pensions. Celle des fonctionnaires s'appuie sur les six deniers mois de salaires, tandis que celle des salariés du privé est calculée selon la moyenne des 25 meilleures années. Une telle mesure constituerait un casus belli irrémédiable, a déjà prévenu la CGT fonctionnaire. La CFDT, elle, s'est déclarée plutôt favorable.
Matignon tempère
Le rapport Moreau n'est donc pas une fin en soi, mais simplement la première phase de la concertation sur les retraites, explique-t-on à Matignon. Car il ne s'agit là que de propositions, de pistes qui vont servir de base à la discussion, puis, à l'automne, à la décision. C’est surtout une manière de faire comprendre que rien n'est déjà tranché, que toutes les options restent sur la table.
Mais à gauche, certains s'inquiètent déjà. Car cette réforme des retraites est à haut risque pour les socialistes qui avaient critiqué âprement la précédente, menée par la droite. Ils se retrouvent aujourd'hui au pied du mur, eux aussi, obligés de faire des choix qui vont forcément fâcher.
Pour le moment, Matignon essaie donc de tempérer, de rassurer, en expliquant qu'il va falloir faire des efforts, mais que tout ce qui pourrait opposer les uns aux autres – les fonctionnaires aux salariés du privé, les retraités aux actifs – est étranger à l'état d'esprit du gouvernement. Garantir la pérennité du système sans faire exploser la majorité ou trop mécontenter les Français et en donnant des gages à Bruxelles où l'on s'inquiète des déficits, l'exercice est difficile.