Ils sont le nouveau visage du capitalisme chinois. La délégation chinoise est composée en majorité d'entrepreneurs du secteur privé qui ont réussi aussi vite et aussi bien que leurs cousins d'Amérique, ce pays qui fait tant rêver la Chine. Un exemple : Jack Ma à 48 ans est la star de l'internet chinois avec son site Alibaba, devenu le champion chinois du commerce en ligne. La Chine est encore une république populaire, communiste, donc même si ces chefs d'entreprise sont issus du secteur privé, ils travaillent en totale harmonie avec les dirigeants pékinois et ils sont là pour présenter un profil plus avantageux de l'économie chinoise, une économie qui se veut dorénavant ouverte sur le monde, prête à renforcer les liens avec l'extérieur, pas nécessairement dans une optique de pillage. Longtemps tournés vers le développement de leur industrie pour inonder le reste du monde de produits à bas coût, les patrons chinois ont maintenant les poches assez remplies pour investir à l'étranger, s'insérer dans l'économie mondiale, et renforcer la dimension multinationale de leurs entreprises qui sont certes des géants, mais des géants nationaux.
La France, pas encore une priorité pour les Chinois
Restons modestes. Le club des entrepreneurs chinois qui organise cette visite s'est rendu dès 2010 en Allemagne, puis ensuite aux Etats-Unis et l'année dernière au Royaume-Uni. La France dont l'économie est en récession, où les PME ont le plus grand mal à se financer, a donc tout intérêt à dérouler le tapis rouge pour ces entrepreneurs car elle est loin d'être leur priorité pour le moment. L'Australie, à cause de ses matières premières, est la première destination des investissements chinois à l'étranger. Les Etats-Unis la deuxième. Suivis de trois pays européens : le Luxembourg, l'Allemagne et le Royaume-Uni. La France a encore du chemin à faire pour rejoindre ce peloton de tête.
Quelles sont les secteurs qui intéressent ces entrepreneurs chinois ?
Le luxe, les produits de grande consommation, l'informatique et l'agro-alimentaire, selon Liu Chuanzhi, le patron des ordinateurs Lenovo, l'un des membres les plus prestigieux de la délégation. En clair, les industries destinées à la consommation du grand public. Car pour transformer cette économie d'exportation en une économie de la demande interne, il faut savoir satisfaire le marché intérieur chinois, quantitativement, les Chinois savent faire, et qualitativement, ils ont des choses à apprendre. La classe moyenne chinoise est exigeante. Pas question d'acheter les produits peu sûrs fabriqués localement. En témoigne l'engouement pour le lait maternel d'importation depuis le scandale du lait contaminé. Les industriels chinois ont donc besoin du « Made in France » pour rassurer leur clientèle. C'est l'une des clés de leur présence à l'étranger : acheter un label incontesté, mais aussi apprendre un savoir-faire, un savoir vendre transposable en Chine. La marinière chère à Arnaud Montebourg, loin d'être un chiffon rouge pour eux, est plutôt une bannière dont ils ont bien besoin pour faire briller leur propre marque.