Au lendemain de ces propos alarmistes, on se demande si le plongeon de la bourse chinoise enregistré aujourd'hui à Shangaï n'est pas une première manifestation de cette tempête boursière qui menace. Après tout, si la bourse vacille en Chine c'est à cause de la mauvaise santé de certaines banques chinoises que la politique de relance adoptée pendant la crise a encouragé. Des établissements privés, plus ou moins reconnus, ont prêté sans trop se soucier de la viabilité des investissements réalisés avec cet argent facile.
Mais aujourd'hui Pékin est décidé à faire le ménage et a annoncé que l'Etat n'aiderait pas ces bad banks. D'où le vent de panique à Shangaï. Et cela ressemble à une répétition générale de ce qui pourrait se produire demain à Londres, Paris ou Wall Street car en Europe comme aux Etats-Unis, la relance monétaire a été l'arme absolue déployée par les banques centrales pour empêcher un assèchement du crédit, et c'est un instrument très délicat à manoeuvrer. En inondant l'économie de liquidités, la réserve fédérale est pourtant parvenue à faire redémarrer l'économie américaine.
Un dopage nocif à long terme
Cet argent injecté dans l'économie, à hauteur de 85 milliards de dollars par mois par le rachat de bons du trésor, a maintenu les taux d'intérêt à un niveau très bas. C'est un remontant efficace. Mais le dopage, on le voit dans le Tour de France, a ses limites. A trop forte dose, il finit par tuer le malade. C'est le message envoyé ce week-end par la banque des règlements internationaux, la BRI, qui est un peu la banque des banques centrales.
La FED en est bien consciente, elle n'a pas attendu la mise en garde de l'arbitre pour annoncer dès mercredi dernier qu'elle sortirait progressivement de ce dispositif artificiel. Ce qui a déjà provoqué l'émoi de Wall Street. Plus ça dure, plus il est difficile d'en sortir fait remarquer la BRI qui met en évidence la conséquence fâcheuse d'une fin trop brutale de l'assouplissement monétaire. Le prix de l'argent pourrait grimper, d'où le risque d'une nouvelle paralysie du crédit.
Dommage, regrette la BRI dans son rapport annuel, que les gouvernants n'aient pas mis à profit ce répit pour entreprendre les indispensables travaux d'assainissement. Cinq ans après le tsunami financier, les marchés pourraient à nouveau être emportés par une nouvelle tempête.
Interrogation sur la santé des banques européennes
Aujourd'hui, les finances des maillons faibles de la zone euro sont plus ou moins sous contrôle, en revanche un gros point d'interrogation demeure sur la santé réelle des banques, en particulier des banques européennes. Le montant des créances douteuses qui truffent leur bilan reste inconnu, elles subissent par ailleurs de plein fouet la récession.
La Banque des règlements internationaux estime que les établissements italiens perdent de l'argent, que les banques suisses, espagnoles, britanniques, françaises, et allemandes sont à peine profitables. Un état des lieux d'autant plus inquiétant que les ministres des Finances européens n'ont toujours pas réussi à se mettre d'accord sur un dispositif pour renflouer les banques en difficulté. La réunion de la dernière chance avant l'été a lieu mercredi 26 juin, avant le Conseil européen. Il n'y a pas qu'en Chine que les banques font trembler la bourse.