Brésil-Afrique, une relation durable

L'Afrique est de plus en plus convoitée par les grands pays émergents. Ce week-end à Addis-Abeba où se tenait le sommet de l'Union Africaine, le Brésil a annoncé l'annulation de la dette de plusieurs pays africains. Pour un montant total de 900 millions de dollars. Un cadeau qui confirme l'intérêt grandissant du Brésil pour le continent.

Un cadeau à un milliard de dollars, rien de tel pour fortifier l'amitié. C'est le message envoyée par Dilma Roussef à ses hôtes africains ce week-end. En annulant ou proposant une renégociation d'une dette détenue par le Brésil depuis les années 1970-1980, la présidente brésilienne cible des pays bien particuliers. Les trois plus grands bénéficiaires, la Congo-Brazzaville, la Tanzanie et la Zambie, font saliver les producteurs brésiliens de matières premières pour leur richesse en pétrole et en cuivre. Etant déjà bien pourvu en richesses naturelles, ce grand pays agricole, minier qu'est le Brésil ne cherche pas nécessairement à sécuriser la ressource, mais surtout à consolider ses champions nationaux en leur donnant une dimension internationale. Vale,le producteur de fer, a par exemple investi des milliards en Afrique où il est présent dans 9 pays. Le pétrolier Petrobras suit la même logique.

 
Le marché africain convoité par le Brésil

C’est aussi les futurs consommateurs africains qui intéressent le Brésil. En tant qu'émergent, le Brésil cherche des débouchés pour ces produits industriels. En douze ans, les échanges entre le Brésil et l'Afrique ont été multipliés par 5 en valeur, passant de 5 à plus de 26 milliards d'euros en 2012. La Côte d'Ivoire et le Sénégal, qui vont aussi profiter de l'annulation de dette annoncée ce week-end, font partie des pays francophones que le Brésil aimerait conquérir pour élargir ses parts de marchés.

Contrer l’influence chinoise

On prête volontiers au Brésil l’intention de concurrencer l'influence chinoise sur le continent africain. Sur le plan économique, difficile de rivaliser avec Pékin. Les Chinois ont des poches sans fond tandis que les Brésiliens sont plus limités, car la loi interdit aux banques brésiliennes de prêter des capitaux pour financer des projets dans des zones considérés comme instables, ce qui est encore le cas de beaucoup de pays africains sur le plan politique. C'est donc en investissant le social que le Brésil cultive sa différence. Le groupe de construction Odebrecht, très présent en Angola, dans le bâtiment, mais aussi dans les agrocarburants ou la distribution, est devenu le premier employeur étranger. Une attitude qui tranche avec celle des groupes chinois critiqués pour le faible recours à la main-d'œuvre locale. Mais les Brésiliens ne sont pas exempts de tout reproche. Le mois dernier au Mozambique, les promoteurs d'une mine de charbon ont essuyé une manifestation hostile des familles déplacées pour la construction du site.
 

 

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