Chine: l’endettement de l’économie en question

L’endettement de la Chine suscite les inquiétudes des analystes et des agences de notation. De nouvelles études font état d'une explosion des crédits depuis le début de l’année.

 

Après une première dégradation de la note chinoise par l'agence Fitch au mois d'avril, en raison d'une explosion du crédit, l'agence Moody's a de nouveau tiré la sonnette d’alarme. Lors du premier trimestre, le crédit en Chine a augmenté de près de 60%. En additionnant les crédits contractés par les institutions publiques et privées, la dette chinoise représente, aujourd’hui, plus de 200 % du produit intérieur brut du pays, si l’on en croit le courtier CLSA.

Plusieurs raisons expliquent ce phénomène. Il y avant tout, l’action de la banque centrale chinoise. Pour contrer le ralentissement de la croissance, et tenter de relancer l’économie, l’institution a voulu faciliter l’accès au crédit. Elle a, d’une part, baissé, les réserves obligatoires des banques, pour leur permettre, de prêter davantage. Et, elle a, d’autre part, baissé les taux d'intérêt, pour encourager les emprunteurs. Une évolution dans la droite ligne de la réforme bancaire annoncée lors du dernier Congrès du Parti communiste chinois. Il faut libéraliser le crédit, n’a cessé de répéter ces derniers mois, le gouvernement.

Le marché noir du crédit

Mais la grande majorité de ces crédits échappe au système bancaire. Il faut rappeler qu’en Chine, le système financier actuel favorise les grandes banques d’Etat. Des établissements qui prêtent, surtout, aux grandes entreprises publiques, considérées comme plus sûres. Et du coup, cela prive les petites et moyennes entreprises, de financement. En manque de liquidités, les PME s’adressent, donc, à des sociétés privées qui leur prêtent, de l’argent à des taux exorbitants. C’est, en quelque sorte, un marché noir du crédit.

Selon l’agence de notation Moody's, ces prêts informels qui échappent au système bancaire, ont augmenté de 70% au cours de ces deux dernières années. Ce qui pourrait, à terme, avoir des conséquences sur toute l’économie du pays. Certains analystes craignent une nouvelle crise à la manière des subprimes, les fameux crédits hypothécaires à risque. D’autres analystes relativisent. Ils relèvent, que la dette cumulée du gouvernement central et celle des gouvernements provinciaux, ne représente que 55% du PIB. La Chine a, donc, encore des ressources.

Une croissance au ralenti
 
Mais là où la situation se complique pour le géant chinois, c’est que cette explosion des crédits se conjugue avec une baisse de la croissance. L'économie qui avait connu pendant des années, une croissance à deux chiffres, ralentit depuis 2012. Au premier trimestre de cette année, elle s’est établit sous la barre de 8%. Un seuil à partir duquel, l’économie chinoise ne peut plus absorber, les nouveaux entrants sur le marché du travail.

Et dès lors que la croissance marque le pas. Tous ces prêts risquent de ne pas être honorés. Un ralentissement qui a mis en évidence l’urgence des réformes à mener. Jusqu’à présent, la croissance chinoise a été trop dépendante des exportations. Mais en 2013, Pékin a décidé de faire du développement de la demande intérieure, sa priorité, pour rééquilibrer la situation.

 

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