Le marché de l'or, celui des métaux industriels et les bourses bien sûr : beaucoup de marchés ont piqué du nez aujourd'hui en apprenant que la croissance chinoise n'est que de 7,7 % en rythme annuel, d'après les données disponibles au premier trimestre, alors qu'on attendait 8 %. L'empire du milieu nous a habitués à une allure beaucoup plus soutenue. Pendant des décennies, une croissance à deux chiffres a caractérisé son développement. Le tsunami financier de 2008 a eu raison de cette insolente expansion, à partir de 2010, la croissance s'est ralentie.
La Chine c'est l'atelier du monde, on comprend donc les inquiétudes des fournisseurs de matières premières et c'est aussi devenu, grâce à son essor ultra rapide, la deuxième puissance économique mondiale. C'est pourquoi au moment où l'Occident peine tant à se réveiller, le moindre signe de fatigue de la Chine devient un réel motif d'inquiétude. Que le gouvernement ait laissé publier une telle information étonne encore plus que le chiffre lui-même, car Pékin d'ordinaire, ne reconnaît pas un accès de faiblesse, même passager, de son activité.
Une croissance déséquilibrée
A 7,7 % de croissance, on ne peut tout de même pas parler de panne de l'économie chinoise. Effectivement si ce rythme persiste pendant toute l'année 2013, Pékin aura tenu ses objectifs. Ce qui dérange, ce n'est pas l'élan de l'économie mais la structure de la croissance. Au premier trimestre la consommation des ménages a progressé beaucoup moins vite que les années précédentes alors que les investissements ont cru eux de 20 %. La croissance actuelle est donc portée par le seul investissement et non par le boum de la consommation, or la stratégie officielle de la Chine c'est de changer le moteur, de passer d'une économie d'exportation à une économie de consommation, c'est-à-dire un monde où les Chinois comptent sur eux-mêmes pour se développer.
Un virage difficile à négocier
Le gouvernement aurait-il mal négocié son virage ? Les réformes sont décidées au sommet et progressivement diffusées à la base via les régions. ll faudra donc encore beaucoup de temps avant que l'économie de ce pays-continent marche dans la nouvelle direction indiquée par Pékin. Et puis ce virage de la politique économique a été parasité par un axe majeur de la politique du président Xi Jinping, la lutte contre la corruption au sein de la fonction publique. La mise en oeuvre de cette politique a eu un impact très fort sur la consommation. Les dépenses des collectivités et des entreprises publiques en restauration et en produits de luxe ont nettement baissé, cela explique aussi le ralentissement de la consommation des ménages. Le programme de réduction des inégalités pourrait avoir au contraire un effet positif sur la consommation, mais là aussi c'est une question de temps, on ne connaît toujours pas les modalités d'application de cette nouvelle révolution de la Chine communiste.