L’Europe bloquée par l’austérité

La politique d'austérité mise en place en Europe est de plus en plus contestée, et pourtant les gouvernants n'ont pas l'intention d'en changer.

Si l'Europe s'entête, c'est en grande partie à cause de l'intransigeance allemande. Les Européens commencent toutefois à adoucir leur position. L'Irlande et le Portugal devraient obtenir un délai supplémentaire de 7 ans pour rembourser les prêts de l'Union européenne, cela sera confirmé aujourd’hui au Conseil des ministres des Finances qui se déroule à Dublin.

Ces gestes de bonne volonté sont accomplis sans doute sous la pression de la critique qui s'élève un peu partout en Europe. Par les urnes, en Italie. Ou bien par la voix du personnel politique. En France, Arnaud Montebourg a rué dans les brancards du gouvernement auquel il appartient en affirmant que l'austérité menait à la débâcle. En Allemagne, Peer Steinbrück, le candidat social démocrate à la chancellerie, base toute sa campagne pour les élections législatives de cet automne sur la relance par la consommation et un rééquilibrage de la politique européenne en faveur des pays du sud.

 
L'Allemagne pourrait infléchir sa position ?

C'est théoriquement possible, mais pour le moment les sondages donnent le candidat social démocrate perdant. L'Europe devra donc continuer à composer avec Angela Merkel. La gardienne de l'austérité, une fois réélue, pourrait néanmoins enfin modifier son cap. Pas tellement pour plaire à ses partenaires du sud, mais surtout pour éviter que le climat récessif qui plombe l'Europe ne gagne son pays.

L'austérité commence à contaminer les pays du nord de l'Europe, la Finlande et les Pays-Bas. Les exportations allemandes, majoritairement destinées au marché européen, ont légèrement ralenti ces derniers mois. D'ici quelques mois, Berlin pourrait donc pour des raisons internes, être enfin mûr pour adopter une autre politique.

La relance allemande, un choix pas forcément judicieux

Augmenter les salaires est la solution prônée cette semaine par le secrétaire américain au Trésor lors de sa tournée dans les capitales européennes. Jack Lew a conseillé aux européens de relancer la consommation, et l'Allemagne est bien le seul pays qui a assez de marge de manœuvre pour le faire. Mais le résultat européen d'une telle politique est incertain car les consommateurs allemands n'achètent pas forcément des produits espagnols ou italiens.

En revanche, ce qui soulagerait les Etats les plus endettés serait déjà qu'on rachète une partie de leurs créances, soit via la BCE, soit par la création d'euro-bonds pour faire baisser leur taux. Une idée encore tabou de l'autre côté du Rhin. Autre piste qui parait acceptable : lancer un plan Marshall pour venir en aide aux pays du sud. Reste à savoir qui va financer un tel plan.

 

 

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