Les grandes marques s’engagent au Bangladesh pour protéger les salariés du textile

Trois semaines après l'effondrement du Rana Plaza qui a fait plus de 1000 morts au Bangladesh parmi les ouvriers de l'industrie textile, les donneurs d'ordre européens se sont engagés lundi 13 mai à signer un accord pour améliorer la sécurité des salariés.

Les marques acceptent de mettre de l’argent dans un pot commun pour financer des inspections dans les usines. Un écran de fumée de plus est-on en droit de se demander ? Car il n’y a a priori rien de révolutionnaire dans cet accord. Ce n'est pas la première fois que les grandes marques textile signent des chartes éthiques, ou acceptent même de dépenser plusieurs dizaines de millions d’euros dans des programmes ponctuels de rénovation des ateliers.

Et cela n’a pas empêché le drame du Rana Plaza. Cet accord qui doit être finalisé demain constitue pourtant une nouveauté, en raison du poids de l'un des signataires. En l'occurrence le suédois H & M. H & M ce n’est pas n’importe qui au Bengladesh, c’est le premier donneur d’ordre, devant l’américain WallMart. Son engagement peut donc entrainer toute la filière de l’industrie textile.

L’Espagnol Inditex, propriétaire de la marque Zara, le néerlandais C & A ont d’ailleurs suivi. L’autre aspect qui donne du crédit à cet accord, c’est l’implication des travailleurs locaux, via le syndicat Industrie all, qui représente au niveau mondial les salariés de l’industrie. Il devrait y avoir une forme de contrôle direct de la réalisation des audits promis.

Est-ce que cela suffira ?

On demande à voir, car c’est précisément en raison de la faiblesse des coûts et de la protection juridique des salariés que les donneurs d'ordre ont choisi le Bangladesh. Ce pays est un concentré du pire en matière de conditions de travail. Les salaires, de l'ordre de 40 dollars par mois, sont les plus faibles au monde de l'industrie textile, la sécurité inexistante.

Pour attirer les investisseurs, le Bangladesh s’est spécialisé dans les collections à bas coûts très rapidement renouvelé. Il est devenu ainsi le deuxième producteur textile après la Chine. Ce développement intensif a eu des effets positifs, selon la Banque mondiale le taux de pauvreté a été divisé par deux grâce à l’essor industriel. Aujourd’hui le textile fournit au pays 80% de ses rentrées en devises. Une meilleure protection des salariés pourrait mettre en péril cet avantage compétitif, c’est pourquoi le gouvernement n’est pas pressé d’agir.

Le gouvernement a pourtant pris des engagements suite à la catastrophe

Des inspecteurs du travail devraient être recrutés et formés et le droit syndical renforcé. Mais c'est là où le bât blesse. L'activité syndicale est de fait quasiment empêchée dans ce pays. Pour constituer un syndicat il faut au moins que 30% des salariés en manifestent l'intérêt. Jusqu'à maintenant la liste des signataires était communiquée au patron par l'administration et souvent réduite à néant à travers du harcèlement ou tout simplement des licenciements.

Cet accord qui a abouti grâce à la pression des ONG associée à l'Organisation Internationale du Travail et au syndicat Industrie All est important. Il sera historique s'il déclenche une amélioration du droit syndical. Cela dépend aussi de l'attitude du gouvernement et du parlement élu à Dacca.

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