Athènes a urgemment besoin des 7,5 milliards d'euros que ses partenaires européens doivent débloquer aujourd'hui. Cette somme lui est indispensable pour payer les traitements des fonctionnaires, les retraites et les intérêts de sa dette. Quatre ans après le début de la crise, la Grèce a toujours autant besoin de ce goutte-à-goutte financier. Cela dit bien à quel point la crise de la dette, si elle n'enflamme plus les marchés, continue à être préoccupante pour ceux qui la vivent au quotidien. Depuis trois ans le pays se serre la ceinture, ce qui n'a fait qu'aggraver la récession, et son corollaire, le chômage. Et pourtant le gouvernement se veut optimiste et compte retourner sur les marchés pour se financer à la fin de 2014.
Deuxième pays sur la brèche, l'île de Chypre
Là encore l'aide accordée passe par des économies drastiques et donc une contraction record de l'économie. Cette année le PIB pourrait reculer de 8% et de 4% l'année suivante. Mais pour les Chypriotes, ce n'est pas tant l'austérité qui complique l'avenir que la forme même du sauvetage. Pour obtenir 10 milliards d'euros d'aide, ils ont dû accepter de faire payer les détenteurs de comptes bancaires, une situation tout fait inédite pour ce pays si bienveillant à l'égard des capitaux en provenance en particulier du Proche-Orient et de Russie. L'urgence c'est donc de restaurer la confiance. Une injonction qui vaut aussi pour l'ensemble des Européens. Car les bases de l'Union bancaire, mise sur pied pour éviter de nouvelles catastrophes, sont aujourd'hui ébranlées par les mesures imposées aux clients des banques chypriotes, estiment certains experts
Ce projet suscite aussi des réticences de la part de l'Allemagne
Le ministre des Finances Wolfgang Schaüble l'a répété aujourd'hui dans une tribune publiée par le Financial Times. Pas question pour Berlin de réaliser cette union bancaire sans réforme des traités. Ce qui équivaut à une mise en sommeil du projet d'union bancaire, la supervision doit être mise en place dès l'année prochaine, mais le volet résolution des crises pourrait, lui, être sérieusement ajourné car comme chacun sait, la révision d'un traité européen est une tâche de longue haleine. Cette lenteur des institutions européennes est un sujet d'inquiétude pour les marchés. D'après une enquête réalisée par l'agence de notation Fitch, quatre investisseurs sur dix seulement pensent que le pire de la crise est passé grâce à l'action de la Banque centrale européenne. Pour une majorité d'entre eux, six sur dix, des doutes subsistent car l'exubérance des marchés est totalement déconnectée de l'économie réelle. C'est pourquoi, si des progrès tangibles vers l'union bancaire ne sont pas réalisés rapidement, si la stabilisation de l'économie n'est pas confirmée dans les prochaines semaines, un retournement d'ici l'été n'est pas exclu. C'est ce qui s'est passé en 2011.