Le boom des monnaies locales

Il existe des monnaies qui n’ont pas cours sur les marchés financiers. Il s’agit des monnaies locales. Près de 5 000 monnaies locales circulent dans le monde entier. L’Europe et notamment la France n’échappent pas à ce phénomène. A tel point que doivent se tenir, prochainement, les premières Assises nationales sur les monnaies locales, à Villeneuve-sur-Lot, dans le Sud-Ouest de la France.

C’est en 1934, au plus fort de la crise économique, que l’on a vu apparaître en Suisse la première monnaie locale : le wir. Devant la pénurie d’argent liquide, plusieurs patrons zurichois ont mis en place un système parallèle pour développer les échanges commerciaux. Aujourd’hui, le wir est utilisé par 60 000 petites et moyennes entreprises helvétiques.

Au sommet de ce système, il y a la banque coopérative WIR de Bâle. Un peu à la manière d’une banque centrale, cet établissement émet et gère la monnaie wir. Tout cela, bien évidemment, sous le contrôle de la Banque nationale suisse. Ailleurs, dans le monde, des initiatives ont également été lancées. En Allemagne, au Canada, ou bien encore aux Etats-Unis. En France, il a fallu attendre le début des années 2010 pour voir en circulation les premières monnaies locales. Aujourd'hui, on en compte près de 80 sur tout le territoire. 

Le sol a la même valeur que l’euro

Il y a, par exemple, le sol violette à Toulouse, la mesure à Roman, dans la Drôme, ou bien encore l’eusko au Pays Basque. Sans compter toutes celles qui sont sur le point de voir le jour. Le galleco va bientôt être distribué aux habitants de Fougères, de Redon et de Rennes, dans la région de l’Ille-et-Vilaine. Le département de l’Aude aura également bientôt la sienne.

C’est quoi au juste une monnaie locale ? Prenons justement l’exemple du sol violette à Toulouse, qui est l’une des plus importantes monnaies locales françaises. Le sol a la même valeur que l’euro. Les Toulousains peuvent s’en procurer auprès du Crédit municipal ou du Crédit coopératif. Plus de 60 000 sols sont aujourd’hui en circulation.

On considère que chaque unité mise en circulation redeviendra, un jour ou l’autre, un euro. Le système nécessite donc une avance de trésorerie, d’où l’obligation de mettre en place un fonds de garantie. A Toulouse, c’est la mairie qui a mis la somme nécessaire à ce fonds de garantie sur un compte. Aujourd’hui, près de 120 commerces et entreprises adhèrent au dispositif, et plus 1 200 Toulousains utilisent le sol pour leurs achats.

Acheter local

L’objectif à terme est d’encourager les habitants à acheter local. C’est pourquoi, pour vendre leurs services et leurs produits en monnaie locale, les entreprises doivent respecter un certain nombre de critères. Comme être éthiques et privilégier les fournisseurs de proximité. Les produits importés sont acceptés uniquement s’ils proviennent du commerce équitable.

Mais cela reste marginal, car il reste difficile de motiver les consommateurs à utiliser ce type de monnaie. Si en Suisse, le wir représente aujourd’hui un chiffre d’affaires de 2 milliards de francs suisses, en France, où le phénomène est plus récent, le sol génère seulement un volume d’affaires d'environ 240 000 euros. Un chiffre qui est appelé à augmenter. Car à partir de mai prochain, le sol va devenir numérique. Les utilisateurs pourront payer par téléphone mobile ou par internet. 

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