En France, la hausse continue des salaires bloque t-elle le marché de l'emploi?

C'est la question posée par des économistes français. Pour y répondre les chercheurs du Conseil d'analyse économique ont examiné l'évolution des salaires français depuis le début de la crise pour essayer de comprendre les liens entre salaires, emploi et compétitivité. Leur conclusion est sans appel : la productivité du travail n'a pas bougé tandis que les salaires ont continué à progresser. Certes moins vite qu'avant 2008.

Les trois années précédant la crise les salaires bruts ont augmenté en moyenne de 3% par an dans le secteur privé, et ensuite de 1,5% par an. Les salariés n'ont pas vraiment ressenti cette hausse, car si on défalque les cotisations sociales, l'augmentation moyenne réelle n'est que de 0,8%.

Il faut aussi relativiser cette tendance parce qu'elle s'explique par des effets mécaniques : les plus mal payés ont été les plus nombreux à perdre leur emploi, c'est pourquoi la moyenne est remontée d'autant. Mais la cause principale de cette progression continue ce sont bien les augmentations consenties aux salaires médians, ce qui correspond en gros à un smic et demi.

Deux explications à cette hausse continue des salaires français

Soit la hausse est déclenchée par des accords de branche qui prévoient des revalorisations automatiques, soit c'est un choix de l'employeur qui cherche ainsi à motiver ses salariés. C'est pourquoi pour le moment, la France est l'un des rares pays européens où la détérioration du marché de l'emploi n'a pas stoppé la hausse des salaires. La politique salariale ne s'est pas encore ajustée à la crise. Si cette trajectoire est poursuivie, mettent en garde les économistes, le chômage, qui vient d'atteindre un sommet historique en avril, pourrait encore s'aggraver. D'où leur appel à la modération salariale. Leur hypothèse : en faisant baisser les salaires le chômage reculerait.

En faisant baisser les salaires, le chômage reculerait ?

C'est sans doute ce qui finirait par se produire mais à quel prix pour les salariés et pour la santé globale de l'économie ? Le marché de l'emploi étant le dernier à réagir, il pourrait s'écouler un temps important entre la mise en oeuvre de cette politique et ses premiers effets sur le marché de l'emploi. Et en période de récession le résultat n'est pas garanti. Car si les salaires stagnent ou reculent, la perte du pouvoir d'achat que cela entraine ne ferait qu'entretenir la crise.

C'est un peu ce qui est en train de se passer en Espagne où les salaires baissent et où le chômage continue à progresser à un niveau toujours plus élevé. 27% de la population active est aujourd'hui à la recherche d'un emploi. Le diagnostic est avéré, pour le remède on demande à voir.
 

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