Le changement en Russie, c'est pour quand?

L'économie russe a ralenti au premier trimestre et la politique économique du président Poutine est de plus en plus contestée.

Le petit 1% de croissance de l'économie russe au premier trimestre, 1,1% exactement de plus qu'au premier trimestre de 2012, a fortement déçu les milieux d'affaires. La demande est en berne, les ventes d'automobiles par exemple ont reflué au premier trimestre. C'est pourquoi les entreprises pressent la Banque centrale de lâcher du lest. Avec une baisse des taux, l'économie russe retrouverait un nouveau souffle. Alors que partout dans le monde, les banques centrales pratiquent des politiques accommodantes pour ranimer la croissance, Moscou reste fidèle à l'orthodoxie monétaire. Cette intransigeance agace aussi bien les milieux économiques que l'exécutif. Mais la nouvelle dirigeante de la Banque centrale reste stoïque : le taux directeur, aujourd'hui à plus de 8%, restera inchangé tant que l'inflation continuera à galoper. L'inflation en mars était de 7%. Dans ce contexte, difficile pour la banque d'infléchir sa position, sans risquer de perdre sa crédibilité.

Avec quel moyen le président Poutine entend-t-il redresser la situation ?

On a parlé d'un changement de gouvernement pour incarner une nouvelle ligne réformiste. Mais le remaniement ministériel qui était pressenti n'a toujours pas eu lieu et la semaine dernière, le chef du Kremlin a surtout annoncé qu'il gardait le cap sur la politique mise en œuvre depuis le début de la crise. De nouvelles mesures de relance sont donc à l'étude. Les milieux économiques attendent, eux, un changement plus radical. Alexeï Koudrine, qui a été ministre des Finances pendant la première décennie des années 2000, est partisan d'une politique de réforme beaucoup plus musclée pour sortir le pays de la léthargie. Car ce n'est pas tant un ralentissement conjoncturel de la demande qui pénalise l'économie russe mais plutôt sa trop forte dépendance aux hydrocarbures. La moitié des recettes budgétaires du gouvernement proviennent du pétrole et du gaz, quand la demande étrangère en gaz s'estompe à cause de la récession qui sévit en Europe de l'Ouest, les faiblesses de l'économie deviennent criantes. La Russie doit diversifier son économie, ce chantier sans cesse remis à plus tard devient de plus en plus urgent. 
 
Quelles sont les réformes les plus pressantes ?

D'après la gouverneure de la Banque centrale, il faut au plus vite améliorer les services financiers. Car on l'a redécouvert avec la crise chypriote, les Russes ont si peu confiance en leurs institutions qu'ils préfèrent placer leur argent à l'étranger. Au premier trimestre 2013, par exemple, plus de 25 milliards de dollars ont quitté le pays. Mais plus globalement, c'est la faiblesse du système juridique qui décourage l'investissement. Les investisseurs étrangers n'ont pas encore déserté ce pays prometteur en termes de marché mais le peu de garantie entourant le droit de la propriété les a rendus plus prudents dans leur démarche. 

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