Russie : au G20 des finances, les taux de change en question

Tout faire pour éviter la guerre des monnaies, c'est en gros le climat qui prévalait à l'ouverture du G20 finances ce jeudi 14 février 2013 à Moscou.

C'est vrai que la guerre des monnaies occulte les autres sujets qu'aborderont les représentants des 20 pays développés et émergents de la planète. Le Japon, en faisant baisser son yen pour rendre ses exportations plus compétitives, affaiblit celles de l'Union européenne avec un euro qui ne cesse de se renforcer face aux autres devises. Voilà comment se pose la question des taux de change, vue du vieux continent.

En début de semaine, le G7 a calmé les esprits en rappelant que la politique monétaire ne saurait être un instrument à usage externe. Tokyo a compris le message. Le gouverneur de la Banque centrale nippone a répété que son action ne cherchait pas à influencer le marché des changes. Officiellement Berlin, et surtout Paris qui a lancé le débat avec le discours de François Hollande devant le parlement de Strasbourg, estiment que le dossier est clos. Le feu est en partie éteint, les ministres entendent bien se concentrer sur leur agenda, avec en priorité, la question de la coordination des politiques économiques.

Concrètement, cela veut dire rééquilibrer les économies

On en parle depuis 2010. Mais ce mouvement ne s'opère pas en un jour. Les Chinois ont commencé à s'orienter sur leur marché intérieur au lieu d'inonder les autres pays de leurs produits, ce qui détériore et leur commerce extérieur et leur marché de l'emploi. Il y a encore des efforts à faire. L'évolution conjointe, c'est le rééquilibrage des comptes publics. Le G20 a pris l'engagement en 2010 à Toronto de réduire de moitié le déficit respectif des Etats d'ici 2013. Objectif qui parait de plus en plus hors de portée pour beaucoup de pays, et surtout un objectif qui est devenu au fil du temps discutable. Si les Américains n'avaient pas trouvé de compromis pour éviter le mur budgétaire en janvier, l'objectif fixé à Toronto aurait bien été atteint mais à quel prix pour l'économie mondiale ?

Les Européens qui ont commencé à faire le ménage dans leurs finances publiques espèrent bien se faire entendre à Moscou. Du moins pour les partisans d'une rigueur adoucie. Cela pourrait être la position de la France, qui a d'ailleurs reconnu être dans l'incapacité de respecter un déficit inférieur à 3% du PIB pour 2013. La zone euro s'est enfoncée dans la récession au dernier trimestre de 2012, la rigueur est-elle encore pertinente pour restaurer la croissance ? Et c'est là que la question des taux de change revient par la fenêtre, la consommation intérieure étant minée par la crise, les Européens doivent surtout développer leurs exportations pour redémarrer, et pour cela rien de tel qu'un affaiblissement de l'euro.

Cinq ans après la crise de 2008, la régulation financière est encore un sujet pour le G20. Car il reste beaucoup à faire. Le ministre français de l'Economie Pierre Moscovici sera à Moscou avec dans sa poche la nouvelle loi sur la réforme bancaire qui est actuellement devant le Parlement, histoire de stimuler les efforts à entreprendre dans les autres pays.
 

 

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