La prochaine bulle du bitcoin, info ou intox ?

Le bitcoin, une monnaie virtuelle, est de plus en plus populaire dans le sud de la zone euro. Il pourrait être victime de son succès et son marché pourrait s’effondrer, prévient le Financial Times.

 

Le bitcoin est une monnaie virtuelle, au sens où elle n'est pas émise par un Etat, il n'y a pas de monnaie papier, le bitcoin n'a d'existence que sur internet. Contrairement aux monnaies virtuelles dont on a déjà parlé dans cette chronique, ce n'est pas non plus un sous-produit des échanges téléphoniques, garanti par un tiers, la compagnie télécom ou la banque sur laquelle elle s'appuie, mais c'est une monnaie qui repose sur la communauté de ses utilisateurs. C'est pourquoi ses adeptes réfutent d'ailleurs ce terme de virtuel. Pour eux le bitcoin est bien réel, sa force c'est le réseau des gens qui achètent ou vendent en réglant avec. Elle a été créée ex nihilo par un chercheur en informatique il y a cinq ans. Son nom : Satoshi Nakamoto. C'est probablement le nom d'emprunt de cet énigmatique inventeur ou d'un collectif. L'idée de génie a été d'imaginer une monnaie basée sur une formule mathématique, en l'occurrence un algorithme. Toutes les dix minutes, de nouvelles unités sont automatiquement créées mais régulièrement la création monétaire s'amenuise pour limiter à terme le nombre de bitcoins en circulation. Au départ cette nouvelle monnaie a surtout suscité l'intérêt des geeks, elle a servi notamment à faire des versements à des organisations comme WikiLeaks qui avait été interdit de transaction par les groupes de cartes bancaires. Et puis les financiers, les banques centrales ont été de plus en plus intrigués par cet ovni monétaire dont le cours ne cesse de grimper.

Combien vaut le bitcoin aujourd'hui ?

Aujourd'hui, un peu plus d'une centaine d'euros d'après Paymium, une plate-forme d'échange créée par des Français qui permet de vendre ou d'acheter des bitcoins. Cette valeur, il faut la rapprocher de celle de 2008, un demi dollar suffisait alors pour obtenir un bitcoin. Son cours, toujours à la hausse, s'est littéralement envolé ces dernières semaines. Sa valeur a doublé en quinze jours, d'où la Une alarmiste du Financial Times qui prédit que la prochaine bulle éclatera sur le marché du bitcoin.

La bulle du bitcoin, info ou intox ?

Les journalistes du quotidien économique connaissent parfaitement le fonctionnement des marchés, et comme disent les spécialistes, les arbres ne grimpent pas au ciel, il y aura donc un retournement du marché. Maintenant difficile à prévoir quand et pourquoi il aura lieu. Pas nécessairement dans les prochains jours, estiment les utilisateurs. Pour eux, l'exubérance actuelle du marché témoigne du succès croissant du bitcoin qui est devenu très populaire ces derniers temps en Espagne et à Chypre. « Les gens ont pris conscience qu'il n'y a pas de système sans risque », explique Pierre Noizat de Paymium. « La confiance sur laquelle repose toute monnaie a été sérieusement mise à mal par les dernières décisions prises pour sauver les banques chypriotes. D'où l'engouement pour cette alternative ».

Autre hypothèse qui pourrait précipiter la chute du bitcoin : le marché est manipulé.
« Pourquoi pas par les banques », avance Pierre Noizat. Car les banques commencent à s'agacer de cette nouvelle concurrence. Même si le marché du bitcoin ne représente qu'un milliard de dollars pour le moment, son fonctionnement remet en cause le monopole des banques. Il permet par exemple de transférer de l'argent à très faibles coûts d'un pays à l'autre par un simple mail. C'est la première monnaie totalement décentralisée qui n'est pas garantie par une autorité suprême, selon Pierre Noizat. Son premier usage c'est d'assurer des petits paiements. Et c'est devenu avec la crise, un moyen de conserver ses économies, dans des lieux devenus plus sûrs que le bas de laine d'antan ou la banque d'aujourd'hui. Comme internet a bouleversé le monde de l'information, le bitcoin va peut-être révolutionner le fonctionnement de l'économie. Au moment où sévit la guerre des monnaies, le bitcoin offre, on peut rêver, de nouveaux champs d’action aux autorités concernées.

 

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