L'hôpital de Jérusalem-Est pourrait bientôt être contraint de fermer certains services si l'aide ne reprend pas rapidement car l'autorité palestinienne verse systématiquement en retard sa quote-part. Cette récente mise en garde de l'Organisation mondiale de la santé illustre bien l'extrême fragilité des finances des territoires.
C'est un exercice d'équilibriste auquel s'est livré cette année le gouvernement de Salam Fayyad pour trouver 3 milliards d'euros, le montant du budget 2013. Pas facile d'équilibrer les comptes d'un embryon d'Etat lorsque la crise frappe car la majorité des recettes proviennent de l'extérieur.
D'abord de l'aide étrangère, qui représente un peu plus d'un milliard d'euros, quand tout va bien. L'année dernière l'Arabie Saoudite, le premier donateur en valeur, a suspendu ses paiements, officiellement pour cause de difficultés internes. Les Etats-Unis ont fait de même. Deux gestes aux motivations différentes et souvent plus politiques qu'économiques, qui ont privé les Palestiniens de centaines de millions d'euros.
La visite de Barack Obama en Israël a débloqué la situation. Les Américains ont annoncé le versement de 500 millions de dollars que le Congrès refusait aux Palestiniens depuis plusieurs mois. L’Arabie s’est aussi engagé à reprendre les paiements.
Israël conserve la haute main sur les taxes dues aux Palestiniens
Outre cette assistance extérieure, le budget palestinien est aussi alimenté par des transferts israéliens. Les deux tiers des recettes palestiniennes proviennent des taxes collectées par l'administration israélienne et redistribuées à l'Autorité. Ramallah n'a donc toujours pas la maitrise d'une ressource qui émane de ses propres impôts. Cet arrangement est inscrit dans les accords d'Oslo. Il fonctionne plus ou moins bien au gré de la relation entre les deux voisins. En décembre Tel Aviv a suspendu les versements pour protester contre l'octroi à la Palestine du statut d'observateur aux Nations unies.
C'était aussi une mesure de rétorsion économique contre les Palestiniens qui ne paient plus depuis des années l'électricité fournie essentiellement par la compagnie israélienne. Quand la crise financière a embrasé la rue palestinienne en janvier, Tel Aviv a accepté de faire un versement unique de 100 millions de dollars. Mais la semaine dernière, le gouvernement Netanyahu a décidé de reprendre le transfert de ces taxes, là encore sous l'impulsion du président américain.
Pour boucler le budget, le gouvernement est obligé de recourir à l'emprunt
Le déficit public est de un milliard d'euros, la dette totale de 4 milliards. Un endettement soutenable au regard des standards du FMI. Pour le moment, la présence au gouvernement de Salem Fayyad rassure les créanciers estime un observateur. Du côté des dépenses presque la moitié servent à payer les fonctionnaires et donc à donner un peu de pouvoir d'achat à une population exsangue.
Ce qui manque aujourd'hui à la Palestine, ce n’est pas seulement des finances publiques équilibrées, mais aussi une reprise générale de l'activité : entre 2011 et 2012 la croissance a été divisée par 2, passant de 11 à 6%.