L’Europe s’enfonce dans la crise sociale

La crise sociale empire à travers toute l'Union européenne, et plus particulièrement dans la zone euro. C'est le constat sans appel de la Commission européenne.

Le rapport trimestriel publié ce matin par Laszlo Andor, le commissaire européen chargé des Affaires sociales, confirme des faits qui s'impriment dans la vie quotidienne des Européens. Il n'y a pas une exception grecque ou française, mais des tendances de fond qui balaient toute l'Europe. Globalement, le chômage s'aggrave et l'austérité appliquée dans de nombreux pays a accru les inégalités. 26,2 millions de personnes sont à la recherche d'un emploi à travers les 27 pays membres. Le rapport basé sur les données des trois derniers mois de l'année 2012 pointe les conséquences néfastes des ajustements budgétaires. Après la crise financière de 2008, les dépenses sociales ont amorti le choc, ce n'est plus le cas aujourd'hui. Depuis 2011, les politiques d'assainissement des finances publiques ont fait baisser les dépenses dites de redistribution. Dans ce contexte, les organisations caritatives ont vu leur public s'élargir. En France par exemple, les Restos du Coeur ont aidé cet hiver presque un million de personnes (960 000 exactement). Ils ont fourni 100 000 repas de plus que l'année dernière.

L’austérité appauvrit les Européens

La récession a été renforcée par cet affaiblissement des dispositifs sociaux, au moins à court terme, estime la Commission. Outre cette détérioration de la situation des plus fragiles, il y a un autre phénomène marquant qui se développe, c'est la divergence grandissante entre deux Europe, l'Europe du Nord qui gagne et l'Europe du Sud qui s’enfonce dans la crise.
Déjà la crise affecte plus les pays de la zone euro que l'ensemble des pays de l'Union. Et puis, au sein du groupe des 17 pays partageant la même monnaie, le fossé s'est creusé ces quatre dernières années. Notamment sur le marché de l'emploi où l'écart entre le pays où le marché de l'emploi se porte le mieux et celui où il se porte le moins bien est de 10 points de pourcentage, un chiffre jamais atteint jusqu'à aujourd'hui. Dans un certain nombre d'Etats, a reconnu Laszlo Andor, il n'y a pas de signes tangibles d'amélioration en vue.

Pas d’amélioration en vue

Cet état des lieux conforte les keneysiens qui estiment que la rigueur est allée trop loin, qu'elle est plus destructrice que réparatrice. Si les revenus commencent à être sévèrement impactés, la reprise est d'autant plus compromise. Le Portugal et l'Espagne ont confirmé, ce mardi 26 mars 2013, que la récession et son corollaire, le chômage, vont s'amplifier cette année. Ce sont les prévisions faites par les banques centrales des deux pays. Les seuls signes d'espoir viennent de l'extérieur, des pays émergents notamment qui pourraient revenir aux achats à partir de la mi-2013, une bouffée d'oxygène se ferait sentir en Europe à partir de 2014. En revanche, du côté des finances publiques, 2014 sera encore une année de restriction, à moins que la crise sociale n'oblige les gouvernants à réviser leur copie.
 

  

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