L'Egypte veut diminuer ses achats de blé à l'étranger, un pari très risqué

L'Egypte est depuis des décennies très dépendante des importations de blé, mais cette année, le gouvernement, à court de devises, annonce qu'il pourra s'en passer jusqu'à la prochaine récolte. Un pari très risqué.

L'Egypte n'a plus besoin d'importer du blé jusqu'à l'été, elle ne le fera que si ses fournisseurs européens et américains font des efforts sur les prix. C'est en substance le message qu'a adressé le ministre égyptien des approvisionnements au marché international. Le Caire proclame que ses stocks sont suffisants et promet une récolte de blé record dans quelques semaines.

Pourtant, ce message ne convainc pas grand monde. La collecte en Egypte risque fort d'être décevante, estime un exportateur européen familier du marché égyptien. D'une part les paysans manquent de carburant pour les pompes à irrigation et les tracteurs, ce qui menace le bon déroulement de la moisson.

D'autre part, le tour de passe passe qui autorisait les opérateurs privés à revendre plus cher à l'Etat le blé qu'ils avaient au préalable importé, requalifié sous l'appellation de blé égyptien, ce tour de passe passe n'aura pas fonctionné cette année, parce que les opérateurs privés n'y ont plus intérêt, tant la monnaie égyptienne s'est dépréciée. L'Etat y économisait pourtant ses devises, puisqu'il payait tout ce blé en monnaie égyptienne, plutôt que d'acheter lui-même du blé sur le marché mondial.

Le pays risque donc de manquer de blé importé, or il est de meilleure qualité que le blé égyptien et il entre pour plus de la moitié dans la fabrication du pain. Seule la diminution de la consommation de pain en Egypte pourrait permettre à l'Etat de renoncer à des achats supplémentaire de blé sur le marché mondial cette année. Ce sera peut-être une conséquence du rationnement mis en oeuvre le mois dernier pour diminuer les subventions, une exigence du FMI. Mais les effets sociaux d'un tel rationnement pourraient être désastreux.

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