Pour une fois, les défenseurs de l'environnement et l'industrie pétrolière sont d'accord ! D'accord pour dénoncer le modèle tout diesel de la France. Les écologistes soulignent les dégâts sur la santé des particules fines de ce carburant. L'industrie pétrolière dénonce depuis des années un modèle de consommation unique au monde, qui déséquilibre son activité de raffinage.
Depuis les chocs pétroliers des années 70 et 80, le gouvernement français a continuellement encouragé la consommation du diesel, ou gazole, en le taxant moins que l'essence. Le gazole, jusqu'alors limité aux tracteurs et aux camions, est ainsi devenu le carburant favori des automobilistes, et la tendance n'a fait que s'accentuer depuis les années 90, car l'industrie automobile française a beaucoup misé dessus, en améliorant les moteurs diesel.
L'an dernier la France a consommé près de 40 millions de tonnes de gazole, contre 7 millions de tonnes seulement d'essence. Or avec le même baril de pétrole on ne peut pas produire 6 fois plus de gazole que d'essence, les raffineries ont déjà poussé le rendement pour en produire deux fois plus. Elles ne peuvent donc pas répondre aux besoins en gazole de la France, qui doit importer la moitié de sa consommation, principalement de Russie ; dans le même temps les raffineries françaises produisent trop d'essence et elles ont de plus en plus de mal à l'exporter, depuis que la consommation aux Etats-Unis a baissé, comme en Europe.
Rééquilibrer la demande française d'essence et de gazole est donc devenu urgent pour le raffinage français. L'industrie pétrolière a déjà préconisé, avant la ministre de l'Ecologie, et avant la Cour des comptes, de rapprocher le niveau de taxation des deux carburants. L'écart est à l'heure actuelle de près de 20 centimes par litre. Abaisser la taxe sur l'essence diminuerait les recettes de l'Etat, c'est inenvisageable, il faudra donc augmenter la taxe sur le gazole. Très progressivement, un centime par litre et par an, propose le président du lobby pétrolier français, conscient de l'impopularité qu'aurait une mesure brutale. Sans compter la révolution que cela impliquera pour les constructeurs français de véhicules.