La Chine sur sa réserve concernant son pétrole

Combien de pétrole consomme la Chine ? Combien en produit-elle ? Le mystère reste entier, selon le dernier rapport mensuel publié par l'Agence internationale de l'énergie. Pékin continue en effet de considérer comme stratégiques toutes les informations concernant sa demande et surtout ses stocks de brut. L’Agence internationale de l’énergie se voit donc dans l’obligation de modifier ses paramètres d’évaluation et de jouer aux devinettes.

Pékin n’est pas Pyongyang, mais en matière d’énergie les autorités chinoises ne sont pas plus transparentes que les voisins nord-coréens. Opacité et culte du secret, impossible de savoir aujourd’hui avec précision l’état des stocks chinois. Première devinette : quelle est la couleur des chiffres en Chine ? Comme pour tout ce qui concerne les données officielles, on est plutôt ici au pays non pas du noir et blanc mais du gris. Et la zone d’ombre vaut évidemment pour le pétrole !

Deuxièmes consommateurs mondial de brut dans le monde, les Chinois devraient bientôt devenir les premiers importateurs devant les Américains. Reste à savoir à quel rythme, car là aussi Pékin cultive le flou artistique. Selon les experts de l’Agence international de l’énergie, dont n’est pas membre la Chine, savoir ce qui est consommé et produit par les Chinois « relève d’avantage de l’art que de la science ». C’est donc avec le pinceau, par petites touches, qu’a décidé de travailler l’Agence, en se basant sur des sources tierces et internes afin de mesurer l’évolution réelle des stocks de produits raffinés.

Deuxième devinette : combien de stocks ? Là aussi, difficile à dire. Selon l’agence Reuters, ces derniers ont subi des variations d’une ampleur inhabituelle récemment. C’est d’ailleurs cela qui a mis la puce à l’oreille des spécialistes de l’AIE et les a poussés à changer de méthode d’analyse. Car ce qui fait augmenter la demande chinoise de brut n’est pas seulement lié à la consommation réelle mais aussi à la mise en place de capacités de raffinage supplémentaires.

Autrement dit, la Chine a constitué en 2012 d’importants stocks selon ces mêmes experts. Elle a commencé à le faire à partir de 2005, et même si elle ne le crie pas sur tous les toits aujourd’hui, elle devrait continuer à le faire cette année avec pour objectif une réserve de 500 millions de barils en 2020.

Sur ce point, Pékin ne fait que ce qu’on lui a demandé. La Chine possède pour le moment une capacité de stockage estimée à près de140 millions de barils de pétrole brut, ce qui suffit à couvrir environ 24 jours d’importations. L'objectif est donc d’amener la Chine aux critères appliqués aux États membres de l'AIE, qui doivent maintenir leurs stocks de pétrole pour couvrir… 90 jours d'importations nettes.

En attendant, l’AIE va donc à la pêche aux informations. Devinette : combien de capacités de raffinage supplémentaires ont été bâties au cours du seul dernier trimestre 2012 ? Réponse : 300 000 barils par jour, indique l’agence basée à Paris, considérée comme l’un des gardiens pour la sécurité énergétique internationale.

La demande de la République populaire est déjà de plus de 10% de la demande mondiale. Elle devrait augmenter de plus de 4% en 2013. Une dernière devinette avant de se quitter ? Quand est-ce que la Chine dépassera les Etats-Unis en tant que premier consommateur de pétrole ? Avant 2030, répond l’AIE. Ce qui laisse le temps de voir venir.

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