Une offre qui a provoqué un véritable séisme parmi les 3 opérateurs traditionnels, Orange, SFR et Bouygues. Pendant cette année de démarrage Free a réussi à séduire en France plus de 5 millions de clients. C’est-à-dire 8% du marché hexagonal de l'abonnement mobile. Une progression stupéfiante, jamais un opérateur n’a enregistré un tel succès. Son secret : une offre commerciale simplifiée et très bon marché. Soit le forfait à 19 euros 99 qui donne un accès illimité à tous les services, soit celui à 2 euros seulement, qui donne un accès limité aux communications audio et aux sms.
Pendant ce temps, les trois autres opérateurs noient le consommateur dans des dizaines et des dizaines de contrats difficiles à comparer. Les tarifs cassés de Free ont fait plongé les prix de 13%. L’autre activité d’Iliad, la téléphonie fixe associée à la télévision et à internet a également continué à grossir.
Cette victoire commerciale gagnée dans une bataille en forme de Blitz Krieg s’est faite dans la douleur pour les concurrents. Bouygues, l’ex petit dernier de la téléphonie mobile, a le plus souffert, son bénéfice s’est effondré. La guerre n’est pas terminée, les prix devraient encore baisser en 2013.
Free qui écrase les prix est accusé aussi de détruire des emplois
C’est un reproche récurrent qui lui est fait. Alors que l'entreprise a recruté 2000 salariés pour accompagner son développement, des universitaires estiment que 70 000 emplois seront sacrifiés par son offensive. On voit effectivement les autres opérateurs dégraisser et les distributeurs mettre la clé sous le paillasson.
Maintenant l'offre de Free a eu d'autres conséquences économiques non négligeables, elle a redonné un peu de pouvoir d'achat au consommateur. Même si la qualité technique n’est pas toujours au rendez-vous, le forfait social à 9 euros proposé par le gouvernement précédent a été totalement ringardisé par l’offre à 2 euros pour 2 heures de communication de Free. Deuxième constat : les opérateurs historiques préservaient surtout leurs bénéfices. Il y avait une entente manifeste entre eux pour maintenir des prix élevés et pas nécessairement pour créer de nouveaux emplois.
En France, Iliad a grandi dans des proportions effarantes. Sa capitalisation boursière a dépassé celle de Bouygues. Et son moteur turbo, Free, espère doubler sa part de marché à moyen terme. Mais au niveau mondial, sa taille est encore modeste. Il y a 140 opérateurs en Europe tandis que qu'ils ne sont qu'une poignée aux Etats-Unis ou en Chine, les deux autres marchés comparables. C'est pourquoi le patron d'Orange a lancé un appel cette semaine à Barcelone au congrès du mobile.
Stéphane Richard souhaite que soit créé au plus vite un marché unique des télécoms. Il y aura donc dans les prochaines années un remodelage du secteur au niveau européen au moins aussi important que celui que Free est en train de faire vivre au marché français.